Un pas historique, mais les dirigeants africains sont-ils prêts à aller plus loin ? Ce sont les organisations sud-africaines des droits de l'homme qui posent la question et qui se demandent si les dirigeants du continent - dont certains ont manifesté l'intention de sortir de la Cour pénale internationale - seraient prêts à renouveler l'expérience d'une justice africaine.
Pour Angela Mudukuti, du centre des litiges d'Afrique australe, il y a contradiction entre la lutte contre l'impunité et l'opposition de l'Union africaine à la CPI : « Ce n'est qu'après des années de compromis et de négociation que l'Union africaine a participé à ce procès d'Hissène Habré. Mais ce n'est pas une expérience qu'elle est prête à renouveler avec des chefs d'Etat en exercice. Et là est le problème, parce que de nombreux crimes, génocides, crimes de guerre et crimes contre l'humanité sont commis par des chefs d'Etat actuellement au pouvoir. Si le continent africain a réellement l'intention de se battre pour la justice et contre l'impunité, alors il doit pouvoir traduire ces chefs d'Etat devant la justice, et ne pas attendre qu'ils soient à la retraite pour les poursuivre ».
Angela Mudukuti cite le cas du président soudanais. L'année dernière Omar el-Béchir a pu voyager sans encombre en Afrique du Sud pour le sommet de l'Union africaine alors qu'il est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI. S'agit-il de deux poids, deux mesures ? Pour Ottilia Maunganidze, de l'institut pour les études de sécurité, le fait qu'il ait fallu 25 ans pour obtenir ce procès contre Hissène Habré en dit long sur la volonté politique de certains dirigeants africains à rendre justice.