La transformation d'Ennahda en parti civil n'est-elle que du marketing ? Certains détracteurs se posent la question à l'issue du congrès. « Le parti doit prouver dans son discours politique de tous les jours et dans ses relations avec les associations » qu'il dit vrai, explique par exemple la députée indépendante Bochra Belhaj Hamida.
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Dans le pays, certains avouent être sceptiques face à l'authenticité de cette démarche. Ils disent craindre que le parti fasse peau neuve pour accéder à nouveau au pouvoir et changer ensuite « le modèle de société ». Une crainte balayée par Mohamed Kerrou, chercheur en sciences politiques. Il évoque lui une véritable maturité politique d'Ennahda.
« Je pense que c'est les intellectuels qui passent à côté de la plaque, qui n'arrivent pas à saisir le changement d'Ennahda, estime le chercheur. Et donc, il faudrait que les élites intellectuelles tirent la leçon et comprennent comment Ennahda a été capable d'assumer le changement, de se transformer pour que ces élites se transforment elles-mêmes. En fin de compte, ce n'est pas l'échec d'Ennahda à assumer le changement, c'est plutôt l'échec des élites à assumer le changement et à bâtir un front, un parti politique qui soit viable et qui soit stable ! »
Ennahda est aujourd'hui un poids lourd de la politique tunisienne : il forme d'ailleurs le groupe parlementaire le plus important de l'Assemblée.
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