Le collectif SOS Médias est né au plus fort de la crise burundaise, lors de la tentative avortée de coup d'Etat militaire des 13 et 14 mai 2015. Le Burundi, qui se targue d'avoir l'une des presses les plus libres et indépendantes d'Afrique, va se réveiller avec une terrible gueule de bois.
La radio Rema FM, proche du pouvoir, est détruite par les mutins. Dans la foulée, les forces loyalistes détruisent à leur tour les quatre radios indépendantes du pays, Bonesha, Isanganiro, Renaissance et la RPA, ce que le pouvoir a toujours nié.
Pire, une centaine de journalistes craignant pour leur vie fuient en exil. Certains parmi eux font aujourd'hui l'objet de mandats d'arrêt internationaux. C'est la bérézina. Il n'y a plus de studios, plus de micros. SOS Médias va alors prendre le relais via les réseaux sociaux et il devient à côté du journal Iwacu, l'une des sources locales d'information « fiable » sur le Burundi.
Aujourd'hui, deux des cinq radios détruites ont eu l'autorisation de réémettre, mais sous conditions. Et malgré « le silence imposé » aux célèbres radios indépendantes depuis une année, explique Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group, le « blackout » s'est révélé impossible car « le téléphone portable a remplacé aujourd'hui la radio comme principal vecteur médiatique au Burundi ». Mais aussi les réseaux sociaux. SOS Médias Burundi totalise par exemple plus de 15 000 followers sur Twitter, comme l'explique à RFI l'un de leur responsable, qui a souhaité d’ailleurs garder l’anonymat.