RDC: Papa Wemba honoré et fêté à Kinshasa pendant trois jours

C'est une journée spéciale en hommage à Papa Wemba à Kinshasa. Ce lundi 2 mai, le village Molokaï à Matonge accueille la dépouille mortelle de Papa Wemba, décédé il y a une semaine sur scène à Abidjan, pour les hommages populaires. Autre cérémnie ce lundi matin, en présence du président Joseph Kabila : Papa Wemba a été décoré à titre posthume par le chef de l'Etat de la plus haute distinction du pays.

Ce sont trois jours d’hommage qui se sont ouverts ce lundi matin. Dans la matinée, une cérémonie solennelle et sobre s'est déroulée au Parlement où le président Kabila a déposé sur le cercueil du musicien la médaille de grand officier de l'ordre national des Héros nationaux Kabila-Lumumba, « pour les mérites, les loyaux et éminents services rendus à la nation congolaise », a déclaré Joseph Kabila.

Plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées devant le Parlement pendant la cérémonie, retransmise à la télévision nationale, une cérémonie ouverte par l'orchestre national Kibangui qui a interprété le Requiem de Mozart. Une cérémonie très sobre, notamment en présence de la famille. Sa fille aînée, Madame Thellier a demandé de ne plus polémiquer sur l’état de santé de son père avant son départ pour Abidjan. « Si nous avions eu le moindre doute sur son état ma mère et moi, nous n’aurions jamais accepté qu’il puisse faire un concert en Côte d’Ivoire. »

Cette cérémonie a aussi été l’occasion d’annonces. Le ministre de la Culture, Beaudouin Banza Moukalaï, souhaite, « en vue de perpétrer sa mémoire » qu’un musée et une grande salle de concert soit créé et que la date du décès de Papa Wemba devienne une fête. « Mon ministère va introduire la réclamation selon laquelle la date du 24 avril soit proclamée la journée de la musique congolaise », a-t-il déclaré.

« Papa Wemba, le Congo est orphelin », était-il écrit sur les immenses photos qui ornent le Palais du Peuple, auquel les Congolais sont invités à se rendre ce mardi pour se recueillir devant la dépouille mortelle de Papa Wemba, rapporte notre envoyé spécial, Guillaume Thibault.

Plus tôt lundi matin le cercueil blanc et or de Papa Wemba, posé sur un pick-up aux couleurs de la RDC avait quitté la morgue de l’hôpital, pour gagner l’Assemblée nationale, entouré d'un cortège de milliers de jeunes et de moins jeunes, qui alternait entre chansons et larmes.

Célébration en chanson à Molokaï

Ambiance radicalement différente dans le quartier de Molokaï, où le cerceuil a été exposé l'après-midi pour un hommage populaire. Là, de nombreux musiciens sont venus célébrer une dernière fois leur doyen.

Les habitants de Molokaï, dont le pape de la rumba avait fait son quartier général, ont salué, souvent en chanson, « un grand monsieur », « le prophète de la sape » et un « un grand artiste » qui « a démontré aux yeux du monde qu’un musicien peut être responsable ». « Comme il l’avait dit : le jour de ma mort, il ne faut pas pleurer il faut fêter ! » rappelle un homme. Promesse tenue.

Une nuit de musiques

Dans la nuit de dimanche à lundi déjà, le village Molokaï a vibré au rythme des musiques de Papa Wemba. 

Sur scène comme dans la rue, chacun choisit « sa » chanson dans l’ample répertoire du musicien. L’un des fils spirituels de Papa Wemba, Koffi Olomidé, croisé à son arrivée à Kinshasa, choisit Mi amor et salue l’artiste. Il y a une semaine, sur RFI, le dernier géant de la rumba congolaise (auteur-compositeur-interprète, chanteur et producteur congolais) demandait à tous les pays africains de choisir ensemble un jour de deuil pour rendre hommage à Papa Wemba.

Ecoutez le reportage musical de notre envoyé spécial à Kinshasa.

 

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