Journée de commémoration en RDC: meetings à Kinshasa, heurts à Lubumbashi

En RDC, ce dimanche a été une journée de meetings. L'opposition et la majorité ont tenu à célébrer l'anniversaire de l'ouverture démocratique. Une victoire arrachée le 24 avril 1990 après une dictature qui aura duré près de trois décennies. Le 24 avril 1990, dans le «Discours de la démocratisation», Mobutu annonce la fin du parti unique. A Kinshasa, le meeting de l’opposition s’est déroulé sans heurts, mais à Lubumbashi, un rassemblement a été dispersée par les forces de l’ordre.

Il y a eu plus de peur que de mal au meeting de la Dynamique de l’opposition à Kinshasa. Le rendez-vous a tenu. Les têtes d’affiche de cette plate-forme se sont exprimées à tour de rôle, bravant l’ordre de l’Hôtel de Ville de délocaliser la manifestation vers un lieu fermé.

La réunion s’est bien tenue sur l’espace entre le boulevard Triomphal qui longe le stade des Martyrs et l’avenue de l’Enseignement. Joseph Olenghankoy, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean-Claude Mvuemba et tous les autres leaders ont, chacun dans ses propos, rappelé la lutte héroïque du peuple congolais qui a conduit à l’ouverture politique le 24 avril 1990.

« Nous refusons le glissement du mandat du président Kabila, nous exigeons les élections présidentielle et législatives dans les délais constitutionnels », ont déclaré de nombreux orateurs du jour. Pour eux, pas de dialogue initié par le président Kabila.

La police qui était présente aux abords du lieu du meeting a laissé faire. Et tout s’est terminé dans l’ordre. Pas de dérapage non plus au rassemblement de la majorité, qui a, elle aussi, commémoré le 26e anniversaire du multipartisme. La rencontre s’est tenue, un peu plus loin, à l’échangeur de Limété.

Manifestation dispersée à Lubumbashi

En revanche, à Lubumbashi, dans le Sud, un rassemblement de militants de l’opposition réunis pour écouter l’opposant Moïse Katumbi a été dispersé par la police. Le candidat a affirmé avoir été la cible de tirs des forces de l’ordre. Des gaz lacrymogènes auraient aussi été utilisés pour disperser les manifestants. L'équipe des observateurs du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'homme a été empêchée d'accéder au lieu du rassemblement.

« Les évènements qui ont eu lieu aujourd'hui à Lubumbashi sont graves, car un candidat politique a été empêché de tenir un meeting, déplore José Maria Aranaz, directeur du BCNUDH (Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme) en RDC. On nous a signalé un usage abusif de la force, des tirs à balles réelles et l'utilisation de gaz lacrymogène. Nous sommes en train de vérifier ces informations, et de rechercher s 'il y a des blessés. Pour l'instant, nous avons une liste provisoire de quatre personnes arrêtées ce week-end, la majorité d'entre elles aujourd'hui. Nous sommes très préoccupés par ce type d'incidents, qui ont un impact négatif sur la crédibilité du processus électoral. »

Mais le porte-parole du gouvernement Lambert Mendé nie toute volonté d’intimidation de la part des autorités. Selon lui, « la police a fait son travail ». « On a interdit de gêner la circulation. La population était gênée et la police a ouvert la circulation, estime-t-il. Je ne vois pas ce que le Bureau conjoint des Nations unies a à voir là-dedans. On ne peut pas forcer des gens qui ne sont pas concernés par une manifestation à y participer en gênant la circulation. Et donc la police a utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les gens qui voulaient gêner la circulation. Il y a eu quelques arrestations administratives. Mais sans grandes conséquences, à mon avis. »


Descente de police dans un hôtel de l'opposant Pierre Lumbi

A Lubumbashi, un hôtel appartenant à l'opposant Pierre Lumbi, de la mouvance du G7, a été perquisitionné par la police. Les deux fils de Pierre Lumbi et un autre employé de l'hôtel ont été interpellés. La police dit y avoir trouvé des armes, preuve d’une « tentative de déstabilisation des institutions », l’opposant lui, dénonce un montage des services de renseignement.

 

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