La Mission des Nations unies au Soudan du Sud, c’est 12 000 militaires et policiers qui ont pour mandat de protéger les civils.
Dans ses bases, la Minuss héberge plus de 200 000 personnes. Mais des hommes armés, souvent présentés comme des soldats de l’armée sud-soudanaise, ont déjà fait irruption dans ces « sites de protection des civils », comme on les appelle.
C’était le cas la semaine dernière, à Malakal, capitale du Haut-Nil, où 19 personnes ont été tuées et 127 autres blessées, selon le dernier bilan.
C’était déjà le cas il y a deux ans, à Bor, capitale de Jonglei. Là aussi, des hommes armés avaient pénétré dans l’enceinte d’une base de l’ONU sans que les Casques bleus n’interviennent, bien que leur mandat, en vertu du chapitre sept de la Charte des Nations unies, les y autorise.
C’est un « secret de polichinelle » que la Minuss n’est pas là pour combattre, selon Ewan Lawson, ex-pilote de la Royal Air Force et ex-attaché militaire à l’ambassade du Royaume-Uni à Juba.
« Certains contingents ne sont pas prêts à se battre, dit-il. Les incohérences de la mission n’ont fait qu’aggraver le problème. Dès le début, la composante militaire de la mission, qui est à la fois militaire et politique, a été marginalisée et ses responsabilités, reléguées au second plan. Par conséquent, toute décision militaire pose problème. »
La récente attaque contre le « site de protection des civils », une structure onusienne unique au monde, où des dizaines de milliers d’abris ont été détruits, met en évidence l’impunité de la classe dirigeante, selon les défenseurs des droits de l’homme.
« On ne doit pas s’en étonner quand des dirigeants se font la guerre, pillent des ressources naturelles et se refusent à mettre en œuvre tout accord de paix en toute impunité, sans rendre de comptes à qui que ce soit », selon Ian Schwab, un directeur du Enough Project, un groupe de pression américain.
Jeudi, à Juba, Ban Ki-moon a évoqué, selon le compte Twitter de la Minuss, la création d’un tribunal international, une structure hybride, relevant à la fois du Soudan du Sud et de l'Union africaine.
Loin d’être au beau fixe, les relations entre Juba et l’ONU ont souvent été tendues.
Le président Salva Kiir s’est montré très agacé lorsque Ban Ki-moon a critiqué le Soudan du Sud lorsque ses soldats ont traversé la frontière avec le Soudan pendant la crise de Heglig, en 2012.
L’année suivante, au début du conflit sud-soudanais, le gouvernement a même reproché à la Minuss de fournir des armes à la rébellion.