« Vous savez ce que la défense va plaider, c’est la non-culpabilité de l’accusé ». C’est Mounir Balal, le doyen de cette équipe de trois avocats commis d’office, qui a ouvert les plaidoiries en s’adressant à l’accusé. Aucun contact n’a été établi entre les deux parties depuis six mois : « Mes pensées vont à l’accusé. Qu’il soit rassuré, je n’ai fait l’objet d’aucune sollicitation inconvenante ».
L’avocat entame son argumentaire. Le parquet a accusé Hissène Habré d’avoir attaqué le Sud au début de son règne, des exactions massives ont été commises. On inverse l’histoire, estime maître Balal : « Je ne partage pas l’opinion du ministère public lorsqu’il nous dit qu’en 1982, Hissène Habré est allé à la conquête. Non, il ne faut pas falsifier l’histoire. Il est allé pour restaurer la souveraineté tchadienne dans le Sud ».
La défense affirme aussi que l’instabilité qui régnait au Tchad va aussi obliger Hissène Habré à créer la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), l’organe de la répression : « Cet homme qui a régné huit ans en a connu six de guerre, de partout les complots. Ce qui motivera d’ailleurs la création de la DDS. C’est un profond nationaliste qui, lorsqu’il a accédé au pouvoir, a voulu faire du Tchad un Etat moderne ».
Comme lors des plaidoiries des parties civiles, comme lors du réquisitoire du parquet, Hissène Habré malgré la défense de ses avocats commis d’office joue toujours au prévenu invisible.