Avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault
Dans sa robe rouge, debout, très froid, le procureur sénégalais Mbacké Fall a immédiatement marqué son territoire. Il est seul à s’exprimer, ses trois adjoints écoutent comme le reste de la Cour.Son argumentaire va se faire en cinq points, Mbacké Fall a débuté par un long rappel historique de l’arrivée au pouvoir en 1982 d’Hissène Habré.
Une arrivée marquée, explique-t-il, par la répression dans le sud du Tchad : « Vous verrez qu’Hissène Habré a été très logique dans sa démarche de répression. Dès le 6 septembre 82, tout le sud du pays est conquis par les FAN (les Forces armées du Nord) qui s’adonnent aux pires exactions ».
Le procureur met ensuite l’accent sur la création de la DDS, la Direction de la documentation et de la sécurité, l’organe central de la répression et des prisons secrètes du régime Habré : « Personne ne devait savoir ce qui se passait. C’est dans ces mouroirs que les violations des droits de l’homme ont été les plus massives : tortures, traitements inhumains, viols, exécutions sommaires, enlèvements suivis de disparitions. L’accusé ne peut pas nier avoir créé ses propres prisons ».
Pour le parquet, ce sont les éléments concrets de la culpabilité d’Hissène Habré : « Ces centres, je ne les appellerais pas centres de détention, mais centres de concentration, je considère que c’est le premier acte criminel perpétré par Habré. Cet acte qui a charrié les divers crimes de torture et les autres actes sous-jacents des crimes contre l’humanité ».
La plaidoirie doit se poursuivre toute la journée, vu les premiers arguments tout laisse à penser que le procureur Mbacké Fall demandera une lourde condamnation à l’encontre d’Hissène Habré.