Dans les jardins du conseil de l'ordre, ils étaient nombreux ce dimanche à afficher leur solidarité avec le mouvement. Pas de robe noire, pas de plaidoirie ce lundi. Une journée morte qui s'impose théoriquement à tous les avocats du Niger. « Je suis solidaire des décisions de ma corporation, c'est l'obligation de respecter ce mot d'ordre », explique Maitre Malick. « Ce n'est pas une invitation à fermer les cabinets, mais c'est une décision de notre ordre que nous nous devons de respecter », abonde Maitre Naino.
Ce que les avocats remettent en cause, c'est la toute puissance des services de la sécurité extérieure qui selon eux, multiplient depuis plusieurs mois les détentions extrajudiciaires et les atteintes au droit de la défense. « J'ai tenté vainement de rencontrer mon client. Depuis le 19 décembre, je n'ai pas accès à lui », déplore Maitre Ismael Naino.
C'est la troisième fois dans l'histoire de l'ordre des avocats que la décision de déposer les robes et de fermes les cabinets est prise par délibération du Conseil.
« Respecter le cadre légal »
Dans une conférence de presse donnée ce dimanche 10 janvier dans l'après-midi à Niamey, les avocats ont collectivement dénoncé la détention à la DGDSE (Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure) de plusieurs civils et militaires dans l'affaire du coup d'Etat déjoué, révélé le 17 décembre dernier par le président nigérien Mahamadou Issoufou.
Pour les avocats, la DGDSE est une structure dépendant de la présidence qui n'a aucune compétence en matière judiciaire. Ils dénoncent également l’interdiction faite aux avocats de rencontrer leurs clients, qu’ils soient civils ou militaires.
« Aujourd'hui, on a pris position par rapport aux arrestations, aux interpellations et aux détentions qui se font au niveau de la DGDSE », a déclaré le bâtonnier Samna Daouda au micro de RFI. « J'ai ici en main plusieurs procès-verbaux de constats, ajoute le bâtonnier, à travers lesquels des confrères qui m'ont saisi ont fait constater qu'ils se sont présentés au niveau de ces services pour pouvoir assister leurs clients, mais se sont vu refuser l'accès et ont été éconduits. » Pour lui, « aucune procédure exceptionnelle ne peut être faite dans le cas d'un Etat de droit » et il appelle à « respecter » le cadre légal.