Bientôt documents administratifs, plaidoiries ou encore registres publics seront traduits en langue amazigh au même titre que pour l'arabe dans tout le pays. Une mesure applaudie par la communauté berbère.
Pour Hakim Saheb, secrétaire général du Rassemblement pour la culture et la démocratie, c’est tout simplement une réparation d’un déni de justice. « C’est une consécration d’une revendication identitaire forte et profonde, de combats depuis plusieurs générations, justes et légitimes, et combien essentiels pour la cohésion nationale et la crédibilité du cadre institutionnel de loi de notre destin collectif », se réjouit-il.
Mais des passages du texte suscitent encore des doutes. Notamment sur la création d'une académie de langue berbère qui sera chargée de mener l'opération d'officialisation de la langue, comme l’explique Ali Brahimi, militant amazigh et fondateur du Mouvement culturel berbère. « On peut très bien comprendre qu’il faille du temps pour la régénérer, sauf qu’il ne faut pas que ce retard historique de notre langue soit le prétexte pour renvoyer aux calendes grecques la matérialisation du statut officiel, prévient-il. On peut s’amuser à vider de sens cette mesure. En tant que militants nous avons lancé un appel à unifier nos efforts dans une réincarnation du mouvement culturel berbère qui force les pouvoirs publics à tenir leurs engagements. »
D’autres voient encore dans cette annonce un calcul politicien d’un pouvoir isolé. L'avant-projet de révision de la Constitution sera transmis aux partis pour un vote au Parlement dans les prochaines semaines avant d'être soumis à référendum. Si le texte est adopté, c’est une avancée considérable pour les millions de locuteurs amazigh du pays.