Même dans la soirée, lundi, très peu de gens semblaient avoir les détails de ce qui s’était passé à Entebbe, en Ouganda, et cherchaient à s’informer. Dans la journée, certains, notamment au sein des couches les plus défavorisées, ignoraient même que le dialogue entre le pouvoir et l'opposition burundaise avait repris.
Le Cnared a finalement parlé, même si le gouvernement était contre, note un habitant. Ceux qui parlaient étaient tous des anti-troisième mandat, explique un autre. Même si officiellement aujourd’hui à Bujumbura, on se refuse à parler politique. « C’est trop dangereux, on ne sait pas qui écoute », dit-on.
Bujumbura « cherche à gagner du temps »
Hors micro et hors caméras, certains commentent volontiers la situation. « On joue notre survie. Quel que soit son bord, on sait qu’on est à un moment charnière », explique un citoyen. Et certains commentent notamment la décision du gouvernement de refuser la date du 6 janvier. « Il cherche à gagner du temps », s’accordent à dire plusieurs habitants.
Mais sur les raisons de cette stratégie, les opinions divergent : « Le gouvernement met la pression sur la médiation pour obtenir un rapport de force plus favorable », disent les uns. « Le gouvernement va précipiter par son obstination le pays dans le conflit », affirment les autres. Mais tôt ou tard, cela se terminera par un dialogue, s’accordent à dire les Burundais.
Les habitants semblaient donc convaincus lundi soir que la porte des discussions ne serait jamais vraiment fermée. Beaucoup moins de la capacité des acteurs politiques à résoudre la crise au mieux des intérêts de la population.