Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
« Nous défendrons la démocratie », scandent les dizaines de milliers de manifestants devant le Tribunal constitutionnel, objet de la crise politique qui secoue la Pologne. Allant à l'encontre de la Constitution, les conservateurs qui ont la majorité absolue au Parlement y ont placé cinq nouveaux juges.
« Il y a 26 ans le communisme est tombé, on pensait qu'on serait libre, mais il s'avère que la liberté n'est jamais acquise une fois pour toutes. A nouveau, nous devons nous battre », s'insurge Bartosz, 45 ans, choqué par l'attitude du nouveau pouvoir.
En à peine un mois, le nouveau pouvoir a déjà placé ses hommes dans des organes publics clés, notamment les services spéciaux et les médias. Comme la Hongrie, la Pologne version conservatrice se veut nationaliste. Karol, un militant de l'opposition, craint que le pays s'éloigne des valeurs européennes. « J'ai peur que nous devenions un pays intolérant, dans lequel les différentes minorités seront opprimées, où on ne pourra plus dire ce qu'on pense. On va devenir une sorte de province arriérée, une réserve naturelle de l'Europe. Et ça vraiment je ne le voudrais pas. »
Le désordre qui règne aujourd'hui en Pologne rappelle le dernier passage au pouvoir des conservateurs en 2005. Après seulement deux ans, ils avaient dû organiser des élections législatives anticipées qu'ils avaient perdues.