Cette fois, le patron du ministère public kenyan a décidé de taper du poing sur la table. Il exige dans sa lettre adressée à la police et à la Commission d'éthique et anti-corruption - l'organisme public chargé de lutter contre la corruption au Kenya - de lui transmettre un dossier complet sur cette affaire, dans les dix jours.
Kariaka Tobiko leur demande « d'interroger, de recueillir des dépositions et obtenir des documents » sur la finalité de cet emprunt obligataire de 1,9 milliard d'euros.
Depuis six mois, le ministre kenyan des Finances, Henry Rotich, assure que cet argent a été dépensé dans le respect des règles comptables du pays. Cependant, il n'en a pas apporté la preuve jusqu'ici, ce qui fait dire aux médias et à l'opposition qu'une partie de cette euro-obligation aurait été détournée.
« On ne peut pas voir une route qui ait été construite, on ne voit pas une seule usine ou une industrie dans laquelle cet argent a été investi. Je crois que c'est difficile de dire dans ces conditions que l'argent a été utilisé proprement », a déclaré à RFI, Paul Wafula, analyste politique au Standard, l'un des grands quotidiens kenyans.
Le Kenya est aujourd'hui confronté à une série de scandales, au sein du gouvernement et de ses nombreuses institutions, qui ont poussé le président Uhuru Kenyatta à réagir.
Cinq ministres impliqués dans des affaires de corruption ont été démis de leurs fonctions fin novembre et une sixième a démissionnée d'elle-même. Le président Kenyatta a annoncé une série de mesures destinées à lutter contre ce fléau. Tout le monde ici attend de voir ses résultats.