La conclusion du rapport du vérificateur kényan est sans appel : seul 1,2% des dépenses de l'Etat ont été faites conformément à la loi et de manière efficace durant l'exercice 2013-2014. Le vérificateur émet un avis réservé sur l'allocation de 60% du budget, soit 5,3 milliards d'euros, à cause de problèmes comme le manque de transparence des administrations, des dépenses excessives ou non autorisées.
Pour les 38,5% restants, l'avis est même négatif : documents manquants, comptes fantaisistes… Faute d'informations fiables, le vérificateur estime que les 3,5 milliards d'euros concernés n'ont probablement pas été dépensés légalement ni efficacement. Parmi les nombreuses institutions épinglées, la police, qui a notamment payé 280 000 euros pour des bureaux laissés vides un an et demi ou le ministère de l'Intérieur pour des achats irréguliers de maisons et terrains.
La santé et les transports se partagent la palme des dépenses non justifiées, à hauteur de 200 millions d'euros chacun. L'ancien ministre des Transports faisait d'ailleurs partie des cinq ministres suspendus en mars dernier sur des présomptions de corruption. Il a été inculpé depuis pour abus de fonction.
Publié quelques jours après la visite de Barack Obama, ce rapport fait tristement écho au discours du président américain : il avait appelé les Kényans à combattre la corruption, « un boulet qui tire le pays vers le bas », selon ses termes.