RDC: le ras-le-bol d’un chauffeur de taxi face aux contrôles policiers

A Lubumbashi, dans le sud de la RDC, un chauffeur de taxi s'est immolé par le feu,  mercredi 28 octobre. L’homme disait ne plus supporter d'être constamment contrôlé par les forces de l’ordre de la ville. Un témoin, qui en a aussi ras-le-bol, s’est confié à RFI.

Selon plusieurs témoignages, le chauffeur venait de déposer des clients quand le policier l’a interpellé, jugeant que son lieu de stationnement gênait la circulation. Excédé, le chauffeur de taxi a alors mis le feu à ses vêtements à l'intérieur de son véhicule, avant de se jeter sur l’agent de police qui était en train de le verbaliser. Il est décédé le lendemain de ses brûlures.

Un témoin de la scène explique qu'il est contrôlé plusieurs fois par jour, tous les deux cents mètres par la police routière. « Nous en avons marre de la tracasserie routière que nous connaissons ici parce qu’on ne comprend pas qu’on arrête les gens deux à trois fois dans la journée. Et vous devez payer la fourrière, vous devez payer de l’argent et on vous arrête toujours. On en a marre, vraiment marre », martèle-t-il.

« Ils arrêtent même des corbillards »

C’est un problème de stationnement qui a causé l’altercation. Pour les taxis, le stationnement est difficile dans la capitale économique congolaise où il y a très peu de parkings. S’arrêter sur le côté de la route pour déposer les clients est alors la seule possibilité mais aussitôt les policiers demandent au conducteur de les payer ou les menacent de les emmener au commissariat, où la procédure est longue et leur coûte souvent beaucoup plus cher. Les chauffeurs finissent donc par payer le policier directement.

« Nous demandons aux autorités polico-administratives de contrôler ce genre de troupes qui nous tracassent à tout moment et à tout bout de champ, ajoute le témoin de l’immolation. On peut vous arrêter ici, et 200 mètres plus loin encore et on vous demande de l’argent. Ça ne va pas. On en a marre. Ces gens-là, ils n’ont pas de cœur. Ils arrêtent même des corbillards. Vous trouvez ça normal ? Ils arrêtent les professeurs, les médecins. Ce n’est pas normal. Il faut vraiment faire du bruit pour que ces gens-là se corrigent parce que ça ne va pas du tout. »

Combattre la corruption

Me Georges Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ), interpelle les pouvoirs publics pour trouver des solutions rapides pour éradiquer ce phénomène de corruption. « Il faudrait que les pouvoirs publics, rapidement, statuent pour réserver des solutions. Les solutions sont simples: améliorer les conditions socioprofessionnelles de ces policiers, mettre l’accent sur la sanction administrative et pénale pour les récalcitrants », estime-t-il.

« Un deuxième niveau est la sensibilisation, poursuit le président de l'ACAJ. Je pense que ça doit être l’affaire de tout le monde, principalement des urbanisations de la société civile, les pouvoirs publics qui doivent à la fois sensibiliser, éduquer les usagers de la route sur les conditions qu’il faut remplir pour bien utiliser la voie publique, mais aussi leur apprendre à résister, à combattre la corruption, accepter lorsqu’ils ont peur d’aller payer une amende auprès des services compétents, de sorte que cette amende puisse atterrir dans les comptes du Trésor, et non pas chaque fois enrichir les policiers qu’ils rencontrent sur la route. Cela pouvant continuer à décourager les pratiques de corruption que nous vivons à ce jour. »

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