Angola: des diplomates européens au chevet du militant Luaty Beirão

Cela fait 29 jours que l’opposant et musicien Luaty Beirão est en grève de la faim. Soupçonné avec 16 autres jeunes militants de rébellion et d’attentat contre le chef de l’Etat, il a cessé de s’alimenter pour protester contre sa détention illégale, les violations des droits de l'homme dans le pays et les conditions de vie des habitants. Alors que ses proches craignent pour sa vie, il a reçu ce week-end la visite de plusieurs diplomates européens.

Cela fait près d’un mois que Luaty Beirão a cessé de s’alimenter. Depuis que sa détention préventive a dépassé la durée maximale autorisée par la loi.

Suite à une perte de connaissance, le jeune opposant est hospitalisé depuis jeudi dans une clinique privée de Luanda.

Ce week-end, plusieurs diplomates européens se sont rendus au chevet de Luaty Beirão. Un signe de soutien, mais qui reste trop timide selon l'eurodéputée socialiste portugaise Ana Gomes. « Ils ont constaté qu’il était tout à fait lucide et donc il faut absolument que l’Europe le soutienne lui et ses compagnons. Parce que Luaty Beirão est Angolais et Portugais. Et au Parlement, on l’a fait. »

Ana Gomes est à l’origine d’une résolution exprimant l’inquiétude du Parlement européen concernant le respect des droits de l’homme en Angola.

La situation inquiète l’eurodéputée. « C’est très angoissant parce qu’on craint pour leurs vies et on craint pour les réactions populaires à ce qui peut se passer. Et ça dans un contexte où on sait très bien que l’Angola est un pays où il y a des gens très riches, notamment liés au président, sa famille, sa fille, alors que le peuple vit dans une situation terrible et cette situation s’aggrave avec la chute du prix du pétrole. Donc, il y a énormément de tensions aujourd’hui à Luanda. »

Si à Luanda les rassemblements de soutien ont été durement réprimés, d’autres mobilisations ont eu lieu au Cap-Vert, au Portugal, en Angleterre et en Allemagne.

Mais pour l’instant, le président José Eduardo Dos Santos, au pouvoir depuis 36 ans, reste silencieux sur le cas du jeune homme. Dans une lettre manuscrite, Luaty Beirão a confirmé sa détermination, refusant toute assistance médicale s’il venait à tomber dans le coma.

Un deuxième prisonnier, Nelson Dibango, arrêté en même temps que Luaty Beirão, est également en grève de la faim depuis le 9 octobre, selon Amnesty International.

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