Côte d’Ivoire: dans le fief de Gbagbo, Ouattara prône l’apaisement

En Côte d’Ivoire, la campagne pour l'élection présidentielle du 25 octobre n'est pas encore lancée. Officiellement, c'est donc en tant que président et non en tant que candidat que le chef de l'Etat, Alassane Ouattara, est en déplacement depuis dimanche dans la région du Goh, région d'origine de son prédécesseur Laurent Gbagbo. Aujourd'hui, c'est à Gagnoa, ville qui a été le théâtre de violences il y a deux semaines au sujet justement de l'élection présidentielle et de la candidature d’Alassane Ouattara, que le président tient meeting.

Alassane Ouattara doit faire un discours à Gagnoa lors d’un grand meeting au stade municipal. Le président et une partie de son gouvernement sont arrivés sous les acclamations d’une foule nombreuse dans le stade, comme dans les rues de la ville. Alassane Ouattara est venu dans la région pour lancer un « message de réconciliation nationale », a-t-il dit dimanche lors de sa première étape à Daloa, autre ville du Goh. « Nous devons tout faire pour que ce qui nous est arrivé il y a dix ans ne se reproduise plus », le chef de l’Etat faisant ainsi allusion aux exactions commises par les forces gouvernementales en 2002 dans un village proche de Daloa qui ont fait une centaine de victimes. Plus récemment, il y a deux semaines, des manifestations contre la validation de la candidature d’Alassane Ouattra par la Commission électorale indépendante (CEI) ont dégénéré pour faire au moins deux morts et plusieurs blessés dans cette même zone.

Dans le Goh, les tensions sont donc fortes, voire même exacerbées parfois. Il faut rappeler que c’est le fief de Laurent Gbagbo et que la population ne digère pas que son champion soit actuellement emprisonné à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Tout le travail de l’actuel chef de l’Etat pendant ces trois jours de tournée, par son discours, mais aussi par ses actes en matière d’appui au développement dans la région, sera d’apaiser les esprits. Les esprits de ceux venus l’ovationner, comme les esprits de ceux qui ont refusé de participer à cette visite d’Etat. Il s’agit en l’occurrence et pour une grande partie de militants sympathisants du Front populaire ivoirien (FPI) qui refusent toujours de se prêter au scrutin présidentiel du 25 octobre prochain.


■ A Abidjan, l’opposition manifeste

Les opposants d’Alassane Ouattara se sont donné rendez-vous ce lundi à Abidjan. Un appel à la manifestation lancé par la Coalition nationale pour le changement (CNC), la principale coalition d'opposition. Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'appel et manifestent devant les locaux de la Radio télévision ivoirienne (RTI). Une centaine de militants ont donc répondu à l’appel des leaders de la Coalition nationale pour le changement. Et ce matin, c’est l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly qui a été le premier candidat sur les lieux. Il est arrivé aux environs de 9 heures et il a été rejoint par la suite par Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin, Abou Drahamane Sangaré et les autres leaders de la coalition.

Devant la Radio télévision ivoirienne, les candidats de l’opposition dénoncent une main mise du président Alassane Ouattara sur la télévision nationale, ce qui explique le fait que seulement les activités des partis au pouvoir sont diffusées par cette chaîne. Ils ont aussi demandé plus d’ouverture aux activités des autres partis politiques. Les militants comptent aussi réclamer une recomposition plus équilibrée de la CEI.

Un fort dispositif sécuritaire a été mis en place et la police et la gendarmerie qui ont été déployées en grand nombre pour encadrer cette marche qui a été autorisée par les autorités ivoiriennes.

A (re)découvrir: le diaporama sonore réalisé par nos envoyés spéciaux quelques semaines avant la visite du président Ouattara.

Partager :