« J'ai honte, on n'a pas un esprit républicain ! Les chefs, les autorités, tous, j'ai honte d'eux ! » Opération catharsis à Gagnoa. Après les dramatiques manifestations de jeudi dernier qui ont fait au moins deux morts dans le département, populations, élus locaux, représentants de l'Etat et chefs coutumiers, près de 800 personnes se sont réunies dans le foyer polyvalent de la ville.
Chacun ou presque a pu parler. La plupart du temps pour stigmatiser l'animosité entre partisans de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, mais surtout pour renvoyer dos à dos les leaders politiques quel que soit leur bord, toujours prompts à envoyer leurs partisans dans la rue, sans forcément assumer les débordements qui peuvent en découler. « Si nous vivons cette situation, c’est à cause de la légèreté de ceux qui nous gouvernent, parce que les gens n’aiment pas régler les problèmes comme au temps d’Houphouët-Boigny, ils aiment déplacer les problèmes », a fustigé un participant à la réunion.
« Est-ce qu’on va rester dans cette situation jusqu’à la fin de notre vie ? Est-ce qu’on va rester dans ça ? S’est indignée une autre participante. Il faut que les jeunes prennent leurs responsabilités. Si quelqu’un veut prendre la machette, il faut qu’on puisse attraper sa main pour dire : laisse la machette et viens parler ! Les vieux sont fatigués et les jeunes, vous ne respectez plus les vieux ! »
Après avoir assisté à cette réunion, Aïchatou Mindaoudou, la représentante spéciale des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) a cité pour conclure Félix Houphouët-Boigny : « La paix, ce n’est pas un mot dans la bouche, c’est un comportement. »
En attendant une évolution comportements, l'Onuci et les autorités locales se sont engagées à aller à la rencontre des victimes de violences ou de pillages pour voir de quelle manière réparer.