Les médias burkinabè se remettent doucement du coup d’Etat

Les médias ont payé le prix fort du putsch avorté au Burkina Faso : journalistes menacés, radios fermées de force par les hommes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Durant une semaine, la presse radiodiffusée est restée muette. Mais depuis jeudi, la vie reprend son cours dans les radios ouagalaises. Celles qui ont vu leur matériel saisi par les militaires réclament aujourd’hui qu’il leur soit restitué par le RSP.

Nous sommes au siège de Ouaga FM. Comme ses consœurs, la radio est restée muette pendant près d’une semaine durant le putsch et les journalistes avaient caché les émetteurs de peur d’une descente de la junte. Ce vendredi matin, la radio reçoit la visite de l’opposant Zéphirin Diabré venu témoigner de sa solidarité.

« J’ai pensé que c’était normal que l’on vienne témoigner de notre solidarité parce que la presse burkinabè a vécu des heures très difficiles avec les événements et [nous venons] leur dire notre attachement à la liberté du travail qu’ils font et souhaiter qu’ils puissent reprendre les activités normalement », dit-il.

Radio Savane sans matériel

A quelques kilomètres, Radio Savane a eu moins de chance que Ouaga FM. Cette radio qui émet en langue Moré est très populaire. Les soldats de la junte ont arraché le matériel avant de l’emporter. Charlemagne Abissi, le directeur général, a bien cru voir venir sa dernière heure.

« Nous étions persuadés que la maison serait totalement en feu, je crois que c’est Dieu qui nous a protégé parce qu’il y a eu, semble t-il, beaucoup de débats entre eux, explique-t-il. Certains étaient prêts à incendier, d’autres disaient qu’il fallait tirer des coups de bazooka. Mais non, je crois que, finalement, la sagesse a prévalu. Ils sont partis uniquement avec le matériel : émetteur, compresseur et tout le matériel de traitement de champ, de la diffusion. »

Radio Savane a continué d’émettre dans la clandestinité grâce à un petit émetteur venu de province mais aussi via la webradio clandestine créée par plusieurs médias. Aujourd’hui, Charlemagne Abissi souhaite que les militaires lui rendent son matériel.

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