Le lancement de cette opération de révision des listes électorales a coïncidé avec l’annonce par le chef de l’Etat Denis Sassou-NGuesso de l’éminence d’un référendum sur une nouvelle Constitution. Il l’a annoncé mardi 22 septembre à la télévision mais il n’a toute fois pas donné de date précise. Cette révision constitutionnelle lui permettrait de briguer un nouveau mandat à la tête du pays. A 72 ans, le président ne peut officiellement pas se représenter à cause de son âge et de la limitation des mandats présientiels à deux.
« J’ai décidé de donner la parole directement au peuple afin qu’il se prononce sur le projet de loi énonçant les principes fondamentaux de la République définissant les droits et devoirs des citoyens et fixant les nouvelles formes d’organisation et les nouvelles règles de fonctionnement de l’Etat. Le gouvernement déterminera les modalités de convocation du scrutin référendaire qui aura lieu dans un proche horizon », a déclaré Denis Sassou-NGuesso.
Un référendum qui n’est pas du goût de l’opposition qui prévient le président, faisant référence au Burkina Faso et au Burundi. « Il faut dire qu’avec l’évolution des choses au Burkina, les Congolais ont commencé également à prendre conscience. (…) Aujourd’hui je crois que beaucoup d’Africains ont commencé à croire en l’évolution de la démocratie dans le bon sens. Notre objectif initial n’est pas d’arriver à chasser le président Sassou comme au Burkina. Ce que nous aurions souhaité, c’est préparer calmement les élections de 2016 avec une bonne gouvernance. Mais avec le passage en force, nous ne savons pas comment les choses évolueront. Mais en tout cas, il faut que nous nous levions pour arrêter ce coup d’Etat constitutionnel », affirme Clément Mierassa président du Parti social-démocrate congolais.
« Il a fait 32 ans, il doit partir »
Pour Mathias Dzon président de l’Alliance pour la république et la démocratie, un autre parti d’opposition, Denis Sassou-Nguesso ne doit pas se représenter. « Tout ce qu’il a raconté à la télévision est faux. Il dit qu’il a consulté les gens, il n’a consulté personne. Ils ont donné un accord (la Cour suprême) sur l’évolution des institutions qui signifie révision éventuellement, mais pas le changement. Aujourd’hui, le changement les Congolais ne l’accepteront pas, pas du tout, et les Congolais se mettront debout. On voit bien comment ça se passe lui qui soutient des présidents comme au Burkina ou au Burundi. Ce n’est pas ici qu’il va se mettre à provoquer le peuple. Il a fait 32 ans, il doit partir. Il n’a pas à changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. »
Alors que le président semble désireux de rester au pouvoir et risque de provoquer une levée de boucliers, les préparatifs de ces élections s’annoncent eux aussi difficiles. La révision des listes électorales pose des difficultés. Selon un arrêté du ministère de l’Intérieur, cette opération doit s'effectuer entre le 22 et le 26 septembre. Une période jugée trop courte par l’opposition. Pour Raymond Serge Mviri le porte-parole de l’Alliance pour la république et la démocratie, « il faut d’abord se poser la question si en quatre jours on peut faire une révision des listes électorales sur toute l’étendue du territoire national. Le recensement administratif de 2013 était archi-faux. C’est un faux recensement. Comment peut-on faire une révision à partir de ce qui est faux ? »
Contacté directement par RFI une source gouvernementale n’a pas souhaité commenter les déclarations de l’opposition. Les listes à réviser doivent servir pour les prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2016.