Même plusieurs années après la chute du régime d'Hissène Habré enquêter sur les crimes commis sous sa présidence était risqué. Aujourd'hui, professeur de droit à l'université de San Fransisco et co-auteur du livre La Plaine des morts sur le Tchad de Hissène Habré, Olivier Bercault était auparavant chercheur à Human Rights Watch et a effectué à ce titre plusieurs missions au Tchad au début des années 2000.
Appelé à la barre comme témoin il raconte les conditions de travail à cette période : « Le contexte était difficile, car les anciens agents de la police politique du président Hissène Habré, la DDS, étaient toujours en activité à N’Djamena. Donc il y avait une peur de la part des victimes d'enquêter ouvertement et de rechercher, car ils avaient peur des représailles. Il y avait aussi une ambiance assez détestable parce que pour les victimes de voir leurs tortionnaires dans la rue, quelques fois les narguer ou à des positions de pouvoir notamment au sein de l'appareil sécuritaire, c'était quelque chose de difficile à vivre. Je dois dire qu'ils avaient encore un certain pouvoir de nuisance. »
Lui-même menacé à l'époque par un ancien agent de la DDS, Olivier Bercault a trouvé par hasard en 2001 dans les anciens locaux de la police politique des milliers d'archives éparpillées au sol. Des documents qui ont permis de retrouver la trace de victimes et de conclure qu'Hissène Habré rencontrait le chef de cette police au moins une fois par jour et qu'il était le « chef hiérarchique direct de la DDS ».