Avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault
Cette audition a effectivement été perturbée par un partisan de Hissène Habré présent dans la salle. Ce mercredi 16 septembre au matin, interrogé par les avocats des victimes, le témoin a affirmé une fois de plus que Hissène Habré était, d’après lui, le cerveau de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS). « Cet organe de répression était sa chose à lui », a notamment déclaré Mahamat Hassan Abakar.
Les avocats commis d’office qui défendent Hissène Habré ont ensuite débuté leur contre-interrogatoire : « Monsieur le témoin, vous décrivez des prisonniers libérés dans un état piteux. Qu’est-ce qui nous prouve que ce n’est pas un conte de fées ? » Pas de réponse de Mahamat Hassan Abakar. L’avocat poursuit : « Je sens de la haine dans vos déclarations ». « Il n’y a pas de haine dans mes propos », affirme Mahamat Hassan Abakar.
Nouvelle relance de l’avocat : « Vous affirmez que les ordres de la DDS venaient directement de la présidence. Avez-vous des preuves ? ». Le témoin reprend alors des extraits des auditions d’anciens directeurs de la DDS faites par la commission d’enquête. L’avocat conclut : « Vous avez des preuves intuitives et subjectives. »
Une voix résonne alors dans la salle : « Menteur, Menteur ! » Le président fait venir ce jeune homme qui crie à la barre. Il est Tchadien, étudiant. Il répète au président de la cour ses accusations : « L’histoire du Tchad est manipulée ici. Ce Monsieur est en train de mentir. » Le président déclare alors : « Ce n’est pas à vous de le juger, de dire qu’il ment. » Après concertations avec les juges, il poursuit : «La cour vous inculpe pour trouble à l’audience. » L'homme a été condamné à cinq mois de prison ferme avant que l'audition du temoin ne reprenne.