«Nous venons en amis», les zones interdites du Soudan du Sud

C’est un film qui nous entraîne dans un pays qu’on ne voit quasiment jamais au cinéma. Dans « Nous venons en amis », l’Autrichien Hubert Sauper, l’auteur du «  Cauchemar de Darwin », explore le Soudan du Sud, livré à la convoitise des puissances étrangères (Europe, États-Unis, Chine…). Il livre un film coup-de-poing, doublé d’une réflexion sur le néocolonialisme.

Quand il sort du cockpit de son minuscule avion, on croirait voir Tintin reporter… Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Pour tourner Nous venons en amis, Hubert Sauper a travaillé pendant plus de six ans, six années pendant lesquelles il a sillonné de part en part le territoire soudanais, se posant dans des zones souvent interdites, bravant, caméra au poing, autorités et militaires de tous bords.

Son objectif ? Filmer le pillage du Soudan du Sud par les super puissances. Les images qu’il ramène de son périple sont hallucinantes. Il y a, par exemple, cette scène incroyable avec les ouvriers chinois d’une raffinerie. Ils vivent là depuis des mois, comme sur une planète étrangère, sans n’avoir jamais adressé la parole à un Africain.

Il y a aussi ces fonctionnaires de l’ONU, d’une insondable naïveté, ou encore ces missionnaires américains qui forcent des enfants soudanais en larmes à porter chaussures et chaussettes. « Nous venons en amis », c’est ce que dit le colonisateur au colonisé. Bien sûr, il faut l’entendre de façon ironique, mais la plus grande ironie du film, c’est cette réalité d’un autre siècle, qui soudain se déploie sous nos yeux. 

Ecouter l’interview avec Hubert Sauper dans l’émission Tous les cinémas du monde

 

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