Quand il sort du cockpit de son minuscule avion, on croirait voir Tintin reporter… Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Pour tourner Nous venons en amis, Hubert Sauper a travaillé pendant plus de six ans, six années pendant lesquelles il a sillonné de part en part le territoire soudanais, se posant dans des zones souvent interdites, bravant, caméra au poing, autorités et militaires de tous bords.
Son objectif ? Filmer le pillage du Soudan du Sud par les super puissances. Les images qu’il ramène de son périple sont hallucinantes. Il y a, par exemple, cette scène incroyable avec les ouvriers chinois d’une raffinerie. Ils vivent là depuis des mois, comme sur une planète étrangère, sans n’avoir jamais adressé la parole à un Africain.
Il y a aussi ces fonctionnaires de l’ONU, d’une insondable naïveté, ou encore ces missionnaires américains qui forcent des enfants soudanais en larmes à porter chaussures et chaussettes. « Nous venons en amis », c’est ce que dit le colonisateur au colonisé. Bien sûr, il faut l’entendre de façon ironique, mais la plus grande ironie du film, c’est cette réalité d’un autre siècle, qui soudain se déploie sous nos yeux.
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