France: la situation des migrants se dégrade au lycée Jean-Quarré

A Paris, le lycée désaffecté Jean-Quarré, occupé par des migrants depuis le 31 juillet, attend toujours d’être reconverti en centre d’hébergement d’urgence. La situation est devenue inquiétante pour les élus locaux, qui dénoncent une urgence sanitaire. Mardi 15 septembre, Dominique Versini, maire adjointe à la Petite enfance et à la Famille de la mairie de Paris, a rencontré les bénévoles et les réfugiés du lycée.

Par Margaux Panaye

Bénévoles, migrants et élus locaux... Tous sont unanimes : les conditions de vie des migrants au lycée Jean-Quarré sont déplorables. « C’est insalubre », lance Alice, une bénévole de 24 ans. « Il n’y a aucune organisation ici », s’indigne Marc, qui vient donner des cours de français.

A l’intérieur du bâtiment, des odeurs d’urine piquent le nez. Le sol colle aux semelles à chaque pas. Les couloirs sont jonchés de déchets et les murs, de tags. Les anciennes salles de classe sont devenues des dortoirs où se succèdent matelas et sacs de couchage. Les migrants soudanais, érythréens, tchadiens et afghans, vivent des dons des bénévoles et des habitants du quartier. « Ils ont besoin de tout. La dernière fois, j’étais venu avec des sacs-poubelle. Aujourd’hui j’ai apporté des cahiers et quelques couvertures, précise Marc. Ils ne savent pas encore qu’il va bientôt faire froid ».

« Il y a un problème de sécurité »

L’occupation de ce lycée désaffecté depuis le 31 juillet dernier était tolérée par la mairie de Paris, tous les centres d’hébergement étant occupés. « Mais les conditions de sécurité et d’hygiène ne sont pas respectées. Nous ne savons pas exactement combien ils sont à vivre ici, entre 400 et 500 personnes sans doute. Il y a des incidents quotidiennement et maintenant des enfants habitent ici, dénonce François Dagnaud, le maire socialiste du XIXe arrondissement. Le bâtiment doit être évacué et faire l'objet de travaux avant d'être mis à disposition des réfugiés. » Le lycée, une fois rénové, ne pourra toutefois accueillir que 80 personnes.

Dominique Versini, maire adjointe à la petite enfance et à la famille, a rencontré avec son équipe, ce mardi, les réfugiés du lycée Jean-Quarré. Cette visite a été l’occasion d’établir un dialogue avec eux et les bénévoles qui se méfient. « Il y a un problème de sécurité, mais au moins on a un toit », lance un réfugié. « Ils craignent de se retrouver à la rue », souligne Lyès, un volontaire.

« Notre priorité est de mettre tous ces gens à l’abri, assure pourtant Dominique Versini. Et ensuite, de les inciter à faire toutes les démarches administratives. Mais l’occupation actuelle fait obstacle à la transformation provisoire de Jean-Quarré en centre d’hébergement digne de ce nom. »

Migrants, bénévoles et élus présents sont pourtant parvenus à trouver un accord : ce mercredi, des assistants sociaux établiront un recensement, étape indispensable pour reloger les réfugiés.

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