La présidente de l'instance Vérité et Dignité visée par une plainte

En Tunisie, l'instance Vérité et Dignité est chargée d'étudier les crimes du passé dans le cadre de la justice transitionnelle. La nomination de sa présidente, Sihem Bensedrine, avait fait polémique, car cette opposante à Ben Ali est aujourd'hui contestée, accusée d'être trop autoritaire ou encore connivente avec des mouvances violentes. Aujourd'hui, elle fait l'objet d'une plainte de 14 députés de Nidaa Tounes, le principal parti au pouvoir pour avoir laissé le militant Azyz Amami tenir, lors d'un des ses débats, des propos qui pourraient être condamnés dans le cadre de la loi antiterroriste.

Le débat organisé par l'instance Vérité et Dignité (IVD) tournait autour du projet de loi de « réconciliation nationale ». Il prévoit d'amnistier des auteurs de crimes économiques sous l'ancien régime et amputerait en partie l'instance de ses prérogatives.

En guise de critique, le blogueur Azyz Amami a tenu des propos virulents, assurant que si cette loi était promulguée, l'Assemblée pourrait être incendiée en signe de protestation. L'avocat des 14 députés de Nidaa Tounes qui portent plainte, Nizar Ayed, l'accuse également d'avoir fait l'apologie de Daech.

La plainte concerne aussi la présidente de l'IVD. Sihem Bensedrine aurait dû réagir. Elle est complice, estime l'avocat. Dans un communiqué l'instance se désolidarise de ses propos. Mais pour lui, elle aurait dû les condamner. Il espère faire lever l'immunité dont Sihem Bensedrine bénéficie.

Mais si cette dernière reconnaît que Azyz Amami a eu des mots malheureux. Elle affirme que son intention était de dénoncer un projet de loi dangereux qui pourrait inciter à la violence et faire le lit de Daech. Car si les jeunes tunisiens voient des crimes du passé impunis ils pourraient perdre confiance en l'Etat.

Le parquet a chargé la brigade antiterroriste de l'Aouina, de l'enquête.

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