Selon le point des Nations unies, les personnes tuées lors des violences des trois derniers mois sont très majoritairement des opposants, victimes des forces de sécurité. Mais depuis peu, le camp présidentiel compte aussi quelques victimes : six au cours des deux dernières semaines. « Au cours des deux dernières semaines, au moins 6 membres du parti au pouvoir ont été tués, ce qui est le signe qu'au moins une partie de l'opposition a choisi le recours à la violence pour répondre à la répression » explique Ivan Simonovic, secrétaire général adjoint de l'ONU aux droits de l'homme. Il n'est pas encore possible de déterminer précisément qui est derrière ces agressions. « En général, ce n'est pas revendiqué, poursuit Ivan Simonovic. Il n'y a qu'un seul cas pour lequel des acteurs du coup d'Etat manqué ont revendiqué l'attaque. Même les enquêtes policières n'identifient pas les coupables, du moins publiquement. Ce qu'on peut dire, cependant, c'est que certaines de ces attaques, et particulièrement l'assassinat de l'ancien chef des renseignements, le général Nshimirimana, sont le fruit d'une opération très élaborée. »
Violences et tortures
Les enquêteurs des Nations unies ont également constaté que le recours à la torture pour réprimer les opposants et la presse. « Nous avons identifié au moins 60 personnes qui ont été sévèrement tabassées, détaille Ivan Simonovic. Ils ont des blessures caractéristiques de ce type de torture. Par exemple, le correspondant local de RFI a été violemment battu et a notamment eu le doigt cassé. Il est intéressant de pointer que c'est l'un des rares cas où les autorités, au plus haut niveau, au niveau présidentiel, ont reconnu qu'il y avait eu recours à la torture. Nous avons donc l'intention d'encourager l'examen de ce cas par le système judiciaire. Dans un pays qui est marqué par une impunité quasi totale, le fait qu'un ou deux cas emblématiques fassent l'objet d'une procédure judiciaire serait d'une importance immense.»