Barthélémy Kassa, c'est un député de la mouvance présidentielle. C'est surtout l'ancien ministre de l'Energie et de l'Eau, qui a été expressément pointé du doigt dans une affaire de détournement de fonds d'un programme d'aide financé par les Pays-Bas, qui ont suspendu leur aide au Bénin en mai 2015. L'Assemblée nationale a récemment créé plusieurs commissions chargées d'étudier la possibilité de lever l'immunité parlementaire qui protège Barthélémy Kassa de toute forme de poursuite.
A l'origine de cette procédure, la publication le mois dernier, d'un nouveau rapport d'audit, mené par le cabinet Kroll. Ce document révèle que ce ne sont pas 2,5 milliards, mais 8 milliards de francs CFA qui ont été détournés par plusieurs personnalités politiques dans le cadre d'un programme d'appui au secteur de l'eau et de l'assainissement.
« Trois réseaux de sociétés-écrans »
Une synthèse de ce rapport fournie par le gouvernement au Parlement relève que de « très nombreux marchés ont pour unique objet de ponctionner frauduleusement les crédits » de ce programme d'aide. À cela s'ajoute l'existence, selon ce document, « de trois réseaux de sociétés-écrans permettant de recevoir les fonds publics détournés ».
Parmi les personnes explicitement mises en cause figure le député Barthélémy Kassa. Devant l'Assemblée, début août, le président Boni Yayi a dit toute sa détermination à « identifier » et à « sanctionner » les responsables de ces détournements. « Cette question de l'eau, a-t-il lâché, c'est une pure humiliation. »
Sur cette lancée, dans une lettre datée du 29 juillet, le président Boni Yayi, invite l'Assemblée nationale « à faire écouter le député Kassa par la Haute Cour de justice ». Une manière indirecte de demander la levée de son immunité parlementaire. Question sur laquelle les députés devront se pencher cette semaine.