Depuis quelques mois, le Centre de santé intégré urbain de Diffa est submergé. Chaque jour, des mamans viennent faire ausculter leurs bébés. Une période intense pour Adama Aminata Mahamadou, assistante sociale : « Ces derniers temps, on a beaucoup de cas de malnutrition à cause de la période de soudure [la période qui sépare la fin de la consommation de la récolte de l'année précédente de la récolte suivante, NDLR] et l’arrivée des réfugiés. Chaque jour, c’est comme ça. On a à peu près plus de 100 femmes par jour. Hier, on a eu 103 femmes. »
Les cas de malnutrition modérée peuvent être traités. Pour les malnutritions sévères, ils sont redirigés. Le phénomène est visible partout, comme l’explique le Dr Mamadou Moussa qui dirige le centre de santé de Chétimari : « On a, par rapport à l’année passée, plus de malnutrition aiguë, sévère, que de malnutrition aiguë modérée. Ça s’explique par rapport à la crise. Pratiquement tout le monde a abandonné ce qu’il avait. Et même les autochtones qui sont là n’arrivent pas à faire leurs activités, parce que la psychose est partout. »
Le Programme alimentaire mondial (PAM) travaille au Niger depuis longtemps. Il mène des programmes de résilience et de développement un peu partout dans le pays, y compris dans la région de Diffa. Pour Benoît Thiry, directeur du PAM au Niger, la crise Boko Haram dans cette zone vient s'ajouter à une situation déjà précaire : « Le Niger est un de pays les plus pauvres. Les indicateurs tels que les taux de malnutrition sont excessivement élevés année après année, tant chronique qu’aiguë. Pour Diffa, on a une opération spéciale qui est une opération d’urgence, où pour le moment on est à 26 millions de besoins pour cette année, et où il manque encore 13 millions pour finir l’année. »
Près de 13 millions de dollars sont donc nécessaires pour la zone de Diffa. Mais le problème de la malnutrition concerne tout le pays. Au Niger, 2,7 millions de personnes ont besoin d'une assistance alimentaire pendant cette période de soudure et seul 1,5 million en recevra une.