Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
A son arrivée dans la salle de tribunal, Emmanuel Karake a été applaudi bruyamment par ses partisans venus en nombre assister à cette première audience. Portant une combinaison vert et jaune de prisonnier, le général rwandais arrivait de la prison de Belmarsh, établissement de haute sécurité réservé aux terroristes et criminels de haute volée, signe que la Grande-Bretagne prend l'affaire très au sérieux.
Le magistrat qui a présidé la séance s'est d'ailleurs chargé de le rappeler à son avocat quand celui-ci a d'abord suggéré la somme de 280 000 euros pour obtenir la libération conditionnelle de son client : « Il s'agit d'allégations extrêmement graves. Par conséquent la caution ne peut pas être moins d'un million », a estimé le juge britannique. Autres conditions : le chef des renseignements rwandais qui se voit confisquer son passeport, devra porter un bracelet électronique, respecter un couvre-feu de 20h le soir à 8h du matin et se présenter chaque jour à la police.
Emmanuel Karake résidera dans l’une des propriétés du Haut Commissaire rwandais à Londres, qui s'est engagé à lever l'immunité diplomatique de ce logement. Au sortir du tribunal, la défense s'est dite satisfaite. Une équipe réputée dont fait partie Cherie Blair, l'épouse de l'ancien Premier ministre britannique, proche de Paul Kagame. Les avocats vont maintenant préparer minutieusement l'audience d'extradition prévue le 29 octobre et qui pourrait s'avérer un très long processus.