Le choléra se répand dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie

Plus d'une centaine de milliers de Burundais auraient fui leur pays, en proie à de violentes manifestations. Ils ont trouvé refuge au Rwanda, au nord, mais surtout en Tanzanie, le grand voisin du sud. Beaucoup sont des enfants, souvent isolés. Les exilés doivent faire face à une nouvelle menace : l'épidémie de choléra qui s'est développée sur les rives du lac Tanganyika. L'épidémie a déjà fait 31 morts et 3 400 réfugiés seraient touchés. Sur place, les ONG s'organisent pour essayer de la contenir.

Pays frontalier au nord du Burundi, le Rwanda est touché par les exodes massifs de civils burundais, depuis le début du mois d'avril. « Ce sont des individus qui viennent essentiellement des zones rurales, explique Saber Azam, représentant au Rwanda du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). Ils sont reçus dans des points de transit, par la suite dans le centre de réception, pour finir dans un camp, un tout nouveau camp de réfugiés que nous avons créé à Mahama (Rwanda, NDLR). »

« Leur nombre s'approche de 28 000 personnes à ce jour », relate Saber Azam. Mais aujourd'hui, le flux de réfugiés se tarit. En cause : un durcissement des contrôles aux frontières. « Depuis que la tension au Burundi a pris une autre forme, les frontières, selon des réfugiés, sont très, très bien gardées et les gens ont peu de possibilités de partir du pays », précise Saber Azam, sur la base de témoignages recueillis auprès de Burundais.

En Tanzanie, des camps en proie au choléra

A l'heure actuelle, la Tanzanie, grand voisin du sud, reste le pays le plus touché par le déplacement de populations. Près de 50 000 Burundais sont rassemblés sur les rives du grand lac Tanganyika et ne sont pas au bout de leur calvaire. La nouvelle menace : le choléra, qui ne cesse de se propager à la faveur d'une hygiène particulièrement mauvaise. « La situation à l'heure actuelle est très sérieuse, s'alarme Sandra Bisin, responsable locale de l'Unicef. Il y a une combinaison de facteurs qui y contribue : la surpopulation dans le camp et les conditions sanitaires, qui sont déplorables. »

La majorité des cas de diarrhée ou de choléra se trouve chez les enfants. Or, « il a été établi, et ça ce sont des chiffres du gouvernement, que 83 % de la population des réfugiés burundais sont des enfants, explique l'humanitaire. Parmi eux, on a recensé à ce jour un peu plus de 1 300 enfants non accompagnés ou séparés. »

La plupart de ces enfants ont déjà vécu des violences au Burundi. Certains ont vu leurs parents tués sous leurs yeux. « Aujourd'hui, poursuit Sandra Bisin, ils sont toujours dans les camps, au risque de violences et d'abus en tout genre, puisqu'ils sont isolés. J'ai rencontré un petit garçon de 13 ans, qui la semaine dernière au Burundi est rentré de l'école pour trouver son père mort assassiné par les milices. Donc, la seule chose qu'il a pu faire en effet, ça a été de prendre la fuite et de suivre l'exode. »

400 nouveaux cas de choléra par jour

Les acteurs humanitaires s'organisent avec les moyens du bord. « A Kagunga par exemple, nous avons installé une mini-usine d'urgence de traitement des eaux qui va permettre de donner de l'eau potable aux populations du camp, et qui permet de recycler et de traiter les eaux du lac Tanganyika à raison de 5 000 litres par heure. D'autre part, on a déjà déployé du matériel de protection, des gants et des chaussures de protection pour le personnel soignant, des lits à choléra, des salles de réhydratation orale, le zinc, les antibiotiques et évidemment des comprimés de purification de l'eau et du chlore. »

Selon les derniers chiffres communiqués par les Nations unies, environ 3 000 réfugiés burundais qui ont fui les violences politiques dans leur pays sont atteints du choléra en Tanzanie. Jusqu'à 400 nouveaux cas sont recensés chaque jour, surtout dans cette péninsule de Kagunga où se trouvent des dizaines de milliers de Burundais, a précisé le HCR.

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