Des dizaines de journalistes burundais et étrangers attendaient depuis près de deux heures devant le parquet de la République la fin de l’audition du directeur de la radiotélévision Renaissance, Innocent Muhozi, vendredi 22 mai à Bujumbura.
Trois camionnettes de police sont alors arrivées. Des policiers en sont sortis et ont traversé silencieusement la foule, lorsque la nouvelle s’est mise à courir comme une trainée de poudre : un journaliste venait d’être arrêté.
Le récit d'Adrien après les faits
Tout le monde s'est précipité et l'on voyait que le jeune journaliste de la radiotélévision Renaissance, Adrien Ndereyimana, était déjà monté à l’arrière d’une camionnette de la police. Ça discutait ferme. Les journalistes ont protesté et un officier burundais a finalement dit d’un ton très magnanime : « Sors de ce véhicule ! »
Adrien Ndereyimana s'est exécuté, a sauté par terre, et aexpliqué ce qu'il venait de lui arriver : « J’ai vu le policier qui m’a pris par les épaules et il m’a bousculé. Il a dit à un autre policier : " Faut l’embarquer dans la camionnette. " J’ai dit : " Pourquoi ? " Il a dit : " Retire son téléphone et puis tu l’embarques. " »
Pas seulement des journalistes
Qu’avait-il fait ? Pourquoi a-t-il failli être arrêté ? Cela reste un mystère aux yeux des journalistes présents pendant les faits sur place. Frank Kaze, président de l'Association burundaise des journalistes, dénonce une décision arbitraire : « C’est une honte de voir des policiers qui arrivent quelque part et qui arrêtent quelqu’un sans aucun motif ! C’est une aberration ! »
Apparemment, les journalistes ne sont pas les seuls à jouir d'un tel traitement. Trois jeunes gens présents sur place avaient également été interpellés sans aucune explication. Ils en ont réchappé de peu, probablement grâce au tollé soulevé par la tentative d’arrestation du jeune journaliste burundais.