C'est la pression politique, sociale et diplomatique qui a poussé le ministre béninois Barthélémy Kassa à démissionner. Tout est parti d'un communiqué de l'ambassade des Pays-Bas au Bénin il y a une semaine exactement dans lequel est « mis en exergue de graves irrégularités ».
La Hollande annonce la suspension de son aide directe après la découverte d'un détournement de 2,6 milliards de Francs CFA dans un programme piloté par la direction générale de l'Eau. Le lendemain, le ministre de l'Economie réagit. Il explique qu'il ne s'agit que d'une alerte et que la partie béninoise n'a pas reçu les rapports d'audit.
Informations démenties par la partie néerlandaise qui confirme la suspension de sa coopération et précise que les rapports sont connus de toutes les structures béninoises auditées, y compris les ministères de l'Economie et du Développement.
Des cadres et techniciens de la direction générale de l'Eau sont envoyés devant la Brigade économique et financière pour s'expliquer, mais plusieurs personnalités politiques et de la société civile réclament le départ du ministre de tutelle, Barthélémy Kassa. La population vit aussi très mal cette situation, car l'argent devait servir à donner de l'eau potable à des milliers de Béninois.
Ce mercredi 13 mai au matin, sur les radios de Cotonou, beaucoup d'auditeurs exprimaient leur satisfaction et demandaient que d'autres têtes tombent. L'enquête est en cours, plusieurs responsables de la direction générale de l'Eau restent en garde à vue jusqu'à vendredi. Et on attend la venue au Bénin d'un cabinet international pour un audit demandé par les Pays-Bas, accepté par le gouvernement. Audit qui situera les responsabilités de chacun.
Barthélémy Kassa député ?
Agronome de formation, Barthélémy Kassa, avait occupé de 2009 à 2011, le portefeuille de la Recherche pétrolière et des énergies renouvelables. Proche de Boni Yayi, Kassa a été député à plusieurs reprises et attend de savoir s'il sera reconduit dans cette fonction au cours de l'installation de l'Assemblée nationale ce samedi.
« Sur le fond, analyse un observateur, sa démission n'apporte pas grand chose, car s'il est élu député, il bénéficiera de l'immunité parlementaire... Il sera donc, estime cette source, à l'abri d'éventuelles poursuites en cas d'enquête. »
C'est enfin une « démission forcée », commente un autre chercheur. « Boni Yayi agit sous la pression des partenaires financiers, il veut peaufiner son image », commente cet analyste. Au-delà des Pays Bas, qui ont suspendu leur aide, « la Banque africaine de développement menaçait également d'emboîter le pas », note cet observateur.