L'auteur du rapport ne parle pas d'évacuation, mais plutôt d'expulsion. Selon l'association Alternative espaces citoyens, les autorités nigériennes auraient menacé les habitants de la centaine d'îles du lac Tchad de considérer comme membres de Boko Haram tous ceux qui n'auraient pas quitté la zone après expiration de l'ultimatum.
Sur la foi de témoignages recueillis par cette association locale d'observation des droits de l'homme, la première portion du trajet pour atteindre Nguimmi, Bosso ou Barwa, est décrite comme longue et très éprouvante. D'abord la traversée en pirogue pour regagner la terre ferme, puis des dizaines de kilomètres parcourus sous un soleil de plomb à pied et sans ravitaillement, parfois pendant trois ou quatre jours. Sans eau, ni nourriture, au moins quatorze déplacés, dont certains étaient des femmes, des enfants et même des nouveau-nés, seraient ainsi morts d'épuisement.
Toujours selon la mission des droits de l'homme de Diffa, contrairement aux promesses du gouverneur de la région qui ordonnait le 4 mai l'évacuation à la radio, aucun dispositif n'était prévu pour accueillir ces milliers de déplacés à N'Guimi, la plupart étant désormais sans abri. En milieu de semaine, l'ONU évaluait le nombre de ces habitants forcés de quitter les îles nigériennes du lac Tchad à plus de 25 000. Tous vivent désormais dans des conditions humanitaires qualifiées par l'ONU de dramatiques.
Moussa Tchangari, secrétaire général de l'association Alternative espaces citoyens, auteur du rapport sur le déplacement forcé des habitants des îles nigériennes du lac Tchad :