Burundi: Bujumbura toujours sous haute tension

A Bujumbura, au Burundi, il n’y a pas eu de nouveaux affrontements ce vendredi matin dans les quartiers sud où les jeunes ont manifesté, notamment à Musaga, épicentre de la contestation. Toutes les rues sont barricadées.

Des barricades et des postes de contrôle à chaque coin de rue tenus par des manifestants. Par endroit, des véhicules brûlés, ceux des services de renseignements, disent les jeunes, servent à barrer les routes. La veille, dans ce quartier de Musaga, justement, un militaire a été tué par un membre de la documentation, c’est le nom des services des renseignements au Burundi. C’est ce qu’on a appris par un haut responsable de la police. Cet agent des renseignements, a expliqué ce responsable, s’est senti menacé à une barricade alors qu'apparemment il essayait avec des policiers en civil de rentrer dans le quartier.

« Ils viennent la nuit pour nous tuer, c’est pour ça qu’on organise la sécurité ici », expliquent les manifestants qui ont à nouveau défilé ce vendredi matin. Face à un barrage de la police, à l’entrée de nationale 3 où les forces de l’ordre sont intervenues la veille, ils ont fait une minute de silence à la mémoire de ce soldat tué et des six autres civils. Puis ils ont déposé des bâtons devant les policiers. C’est pour vos Imbonerakure, ont-ils dit. Les Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir. Les manifestants accusent la police de collaborer avec eux.

Il y a beaucoup de tension dans ces quartiers alors que dans le centre de Bujumbura, des dizaines de familles sont réunies depuis ce matin pour rechercher leurs proches arrêtés la veille dans les quartiers sud. Des mères qui dénoncent la détention de leurs enfants mineurs, des avocats qui disent ne pas avoir accès à leur client. Le militant des droits de l’homme Pierre-Claver Mbonimpa s’est rendu sur place, ainsi que le médiateur de la République. Peu après, les familles ont commencé à pouvoir rentrer dans le commissariat pour enfin apporter à manger à leurs proches.

Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge, 29 civils ont été blessés à Bujumbura lors de la grande manifestation jeudi 30 avril dans les quartiers sud de la capitale pour dire « non » à un troisième mandat du chef de l’Etat. C’est le bilan le plus lourd depuis le début de la contestation au Burundi. Cela porte à 66 le nombre de blessés depuis dimanche, six morts civils et un soldat. La police, elle, parle de plusieurs dizaines de policiers blessés, dont dix graves.

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