RDC: grand audit de la justice avant un plan de réformes

En RDC, c'est une première : pendant six jours, trois cents avocats, magistrats, universitaires et membres de la société civile vont tenter de faire l'autopsie d'un secteur particulièrement en crise en RDC, celui de la justice. Critiqué par les citoyens pour son manque d'indépendance et son manque de moyens, cela fait plus de dix ans qu'aucun audit sur ce secteur n'a été réalisé. L'objectif de cette initiative est d’aboutir à un plan de réformes très concret.

Sur le constat, tous sont d'accord, les Congolais ne croient plus en la justice. Il faut prendre des mesures et vite, comme le reconnaît le ministre de la Justice lui-même, Alexis Thambwe Mwamba : « Il y a une urgence absolue. On a des problèmes de corruption, de trafic d’influence, de clientélisme. Le juge n’apparaît pas aujourd’hui comme étant le dernier rempart pour les citoyens. »

Des états généraux pour parler sans tabou des problèmes qui gangrènent la justice. Exemple avec Edel Martin Kabutakphua, un militant venu spécialement du Kasaï occidental : « Si vous êtes peut-être en conflit avec une personne qui est riche ou qui a une certaine position, un certain rang social, ne croyez pas que l’on va vous rendre la justice. Nous assistons à une justice de deux poids, deux mesures ».

Le cauchemar des prisons

Autre problème criant : les prisons. Le parent pauvre de la justice pour Jean-Robert Boyamba, chef de division provinciale de la justice en Equateur. Les bâtiments, le personnel tout comme les prisonniers sont abandonnés faute de moyens financiers : « Les prisonniers ne mangent pas bien. Quand ils sont malades, ils sont abandonnés. Les prisonniers dorment à même le sol, car il n’y a pas de fonds pour l’achat de mousse de lit. Les prisonniers sont là plutôt pour attendre la mort au lieu d’attendre de pouvoir regagner leur famille. Le détenu, c’est une personne humaine. »

Jusqu'à samedi, ils sont donc 300, avocats, magistrats, membres de la société civile ou encore universitaires pour proposer des réponses concrètes à tous ces problèmes. Des discussions soutenues financièrement et suivies de très près par l'Union européenne qui a estimé que la justice doit jouer un « rôle majeur » pour assurer le respect de la liberté d'expression alors que le pays entre dans un cycle électoral crucial avec une présidentielle en 2016.

L’ONG Human Rights Watch a, de son côté, salué la tenue d'une dizaine de procès pour crimes de guerre ces dernières années tout en regrettant que le nombre total de procès concernant des crimes de guerre ou crimes contre l'humanité reste extrêmement limité au vu de l'ampleur de ces crimes en RDC.

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