« Je veux que cela soit clair il n'y aura pas d'amnistie ou de grâce s'ils ne demandent pas pardon ». Cette mise en demeure du chef de l'Etat ivoirien se veut une mise au point, mais certains l'interprètent comme un désaveu du travail de la CDVR. Pourquoi, en effet, demander pardon et chercher la réconciliation alors que c'était la tache qui devait, entre autres, échoir à la Commission dialogue, vérité et réconciliation ?
« La CDVR a échoué dès sa mise en place parce que la méthode qui a été utilisée n’a pas été consensuelle. Elle devait pouvoir nous dire les conditions du pardon, les conditions de l’amnistie, les conditions mêmes du jugement. Et donc, voilà, aujourd’hui, nous sommes à la limite, à la case départ », estime Yacouba Doumbia, président du Mouvement ivoirien pour les droits de l'homme.
A son cabinet, maître Mathurin Dirabou, avocat de Simone Gbagbo et de ses coaccusés, ne pense pas autrement : « Cette commission a été mise [en place] pour que nous puissions nous réconcilier. Mais si ça a été mal fait, on est encore dans l’impasse. Maintenant, on nous dit, il faudrait que les bourreaux viennent demander pardon avant qu’ils aient la grâce. La grâce du président de la République n’est pas conditionnée par ces attitudes-là ».
Selon quel critère, de quelle manière et à qui exactement demander pardon ? C’est sur ces points que s'interrogent nos deux interlocuteurs. Comme ils s'accordent sur un point avec le président ivoirien, partisans de Laurent Gbagbo ou partisans d'Alassane Ouattara, tout auteur de crimes durant la crise devra dorénavant répondre de ses actes devant une cour de justice ivoirienne.