C’est dans le calme, mais non sans problèmes techniques que les électeurs nigérians ont voté en masse ce samedi. Pour la première fois, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a eu recours à un système d’identification biométrique, et ça a parfois été laborieux. Dans certaines localités, les problèmes étaient tels que la Commission électorale a étendu les votes à ce dimanche ce qui pourrait retarder l'annonce des résultats initialement prévue 48h après le scrutin.
Selon le porte-parole de la Céni, « sur 150 000 centres de vote, 300 devraient poursuivre les opérations de vote », ce dimanche. Le dépouillement devrait se faire dans la foulée, mais cela prend du temps, car les électeurs votent pour les législatives, les sénatoriales et la présidentielle en même temps.
Même le président sortant Goodluck Jonathan a passé plus de vingt minutes dans le bureau de vote, de son village natal de l’Etat de Bayelsa avant de pouvoir s'accréditer. En fin de journée, la Céni a fini par autoriser les centres de votes retardataires à recourir à l'accréditation manuelle, qui consiste simplement à vérifier la photo sur la carte.
Contestations et doutes
Les retards accusés en raison des pannes sur cette logistique biométrique suscitent déjà des contestations et des doutes sur la crédibilité du scrutin, notamment dans les Etats où le vote est serré. C'est le cas de l'Etat de Rivers, ancien bastion de Goodluck Jonathan, mais dans lequel le gouverneur a récemment rallié la coalition de Muhammadu Buhari.
Ce samedi, des milliers de bureaux de vote ont néanmoins terminé leur dépouillement, tard dans la soirée. Au bureau de vote de Mobolaji Johnson, sur Ikoyi, à Lagos, le vote s’est globalement bien déroulé. C'est dans un silence quasi religieux qu'une cinquantaine d'hommes ont assisté au dépouillement, sous l'oeil inquisiteur de trois policiers.
« On avait 171 personnes accréditées, et 156 ont effectivement voté » annonce un officiel. Chaque bulletin sorti de l'urne par un agent de la Commission électorale est montré à la foule, puis calé sous un caillou, posé sur un banc en bois. « Je suis là depuis ce matin, explique un électeur. Je suis venu me faire accréditer, ça s'est très bien passé, c'était fluide. Je suis revenu vers 13h30 pour voter, et je suis là pour avoir les premiers résultats. »
Pas question de laisser passer une erreur
Dans ce bureau, pas un seul problème technique n’a été répertorié mais, pour les électeurs, pas question de laisser passer une erreur de crainte de se faire confisquer son vote. « Je veux m'assurer que j'ai les bons résultats. C'est comme ça que toute élection devrait être, souligne un autre électeur. Nous sommes heureux de vivre cela au Nigeria, Le plus important c'est que nous ayons des élections équitables et transparentes quel que soit le vainqueur, l'APC ou le PDP, tant que c'est équitable. »
Après une heure de dépouillement, le score est sans appel. Dans ce bastion du Congrès progressiste, la coalition d'opposition, Muhammadu Buhari a remporté 67% des suffrages sous les applaudissements des électeurs.