Nigeria: les électeurs se mobilisent pour la présidentielle

Journée de vote au Nigeria pour un scrutin présidentiel ce samedi 28 mars : 14 candidats sont en lice. Parmi eux, le président sortant Goodluck Jonathan - qui a eu quelques difficultés à s'inscrire ce matin- et l'un de ses plus fervents opposants, Muhammadu Buhari. Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes aux 56 millions d'électeurs, parfois avec retard, et le vote électronique a connu des ratés. 

Avec notre correspondante et nos envoyées spéciales,

La première étape de vote a commencé ce samedi matin 28 mars 2015. Abuja a depuis le coup d'envoi du scrutin un air de ville morte, rapporte notre envoyée spéciale Bineta Diagne. Les commerces sont fermés, y compris dans les quartiers populaires qui vivent de l’économie informelle. Les routes sont totalement dégagées et il n’y a pas ces embouteillages que l’on peut voir en semaine. Le dispositif sécuritaire très important. A l’entrée de chaque quartier, il faut s’identifier dans un check point de police et à l’intérieur du centre de vote, plusieurs agents de police surveillent le déroulement du scrutin.

Ce matin tôt, dans l’un des bureaux de vote en périphérie d’Abuja, l’ambiance était assez détendue, rapportait notre envoyée spéciale. Les gens faisaient déjà patiemment la queue avec leur carte biométrique de vote à la main. Dans ce centre, les gens sont venus à 6 h du matin pour être les premiers à voter. « Voter, c’est mon droit, je veux l’exercer », disait un commerçant, bien déterminé à rester au centre de vote.

Problèmes techniques

Le président sortant, Goodluck Jonathan, a fait les frais des dysfonctionnements techniques liés au vote électronique. Le président, candidat à un nouveau mandat, et son épouse Patience ont testé sans succès plusieurs appareils de leur bureau de vote du village d’Otuoke, dans l'Etat de Bayelsa au sud du Nigeria, avant de parvenir finalement à valider leur carte d'électeur au bout de trente minutes.

D'autres électeurs, dans la capitale Lagos cette fois, ont subi les mêmes déboires, rapporte Maureen Grisot. Il y a d’abord des retards dans la répartition de l’équipement ce matin et ensuite dans le déploiement de tout le matériel électoral dans les petites unités de la ville. Certains bureaux ont ouvert avec beaucoup de retard. Un électeur a raconté à notre correspondante Julie Vandale, avoir attendu jusqu'à 11 heures du matin avant que la procédure d'identification puisse commencer.

Il y a aussi eu des problèmes avec les lecteurs de carte biométrique qui sont mal paramétrés. Dans certains bureaux de vote, les électeurs se sont impatientés et ont commencé à s’agiter comme dans le quartier d’Ikeja, une grande commune de la capitale. « On attend depuis plus de quatre heures pour être enregistrés par la Commission électorale, mais rien ! Ils disent que le lecteur de cartes ne fonctionne pas, il ne peut pas lire les empreintes digitales, mais on attendra parce qu'on veut vraiment voter » témoigne au micro de RFI un habitant. Parfois, les agents électoraux ont décidé de finalement les enregistrer manuellement. Globalement, les gens sont plutôt calmes et compréhensifs, ils savent que c’est la première fois que cette technologie biométrique est utilisée.

Mais ces problèmes techniques provoquent nécessairement des retards et c'est l'inconnue de cette première phase du scrutin. De nombreux bureaux de vote n’ont pas terminé d’accréditer les électeurs pour l'heure à laquelle le vote proprement dit devait commencer. Mais la Commission électorale a promis que tous ceux qui se sont enregistrés, pourraient voter.

Des électeurs déterminés malgré les contraintes

Rappelons que ce matin, les votants devaient s'enregistrer et qu'ils ne pouvaient voter que dans l'après-midi, pour éviter les fraudes. Et les électeurs n'étaient pas autorisés à sortir du centre de vote entre-temps. Mais, malgré toutes ces contraintes, les gens interrogés ce samedi matin sont très déterminés. « C’est un jour off », dit un tailleur qui a pourtant l’habitude de travailler 24 h / 24. Dans ces quartiers populaires d’Abuja, les gens ont de réelles attentes. Ils veulent, disent-ils, du changement, des emplois, un accès à des services de base comme l’eau et l’électricité. Ils veulent aussi que la question du chômage soit résolue. Plusieurs personnes expriment leur ras-le-bol face au phénomène de corruption.

Attaque attribuée à Boko Haram

Des villages ont été attaqués dans le nord-est du pays selon des témoins et deux personnes y ont été tuées par de présumés islamistes. Rappelons que le chef du groupe islamiste armé Boko Haram, Abubakar Shekau, avait menacé de faire échouer le processus électoral le mois dernier.

écoutez le décryptage de Laurent Fourchard, invité de la mi-journée de RFI

 

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