Elections au Nigeria: les frontières du pays sont bouclées

C’est la dernière ligne droite avant l’élection présidentielle prévue ce samedi au Nigeria. Fin de campagne prévue ce vendredi soir à minuit. Les services de sécurité sont plus que mobilisés. Le gouvernement vient d’annoncer la fermeture des frontières terrestres et maritimes pour trois jours, et ce jusqu’à samedi minuit. Une mesure qui vise, selon les autorités, à réduire tout risque de troubles le jour du vote.

Les autorités veulent se donner les moyens d’assurer une élection calme. C’est disent-elles, une mesure « normale », qui avait déjà été prise lors des précédents scrutins. Joint par RFI, un responsable du ministère de l’Intérieur, précise que cette mesure s’adresse tout particulièrement aux communautés vivant le long de la frontière: les autorités craignent en effet que des étrangers puissent tenter de voter. « Certains étrangers, explique une source au service d’immigration, demandent une carte d’identité nigériane pour mener leur commerce sur notre territoire … mais, souligne cette source, ces citoyens ne sont pas habilités à voter ».

Les autorités veulent donc éviter toute source de trouble ainsi que tout mouvement de contestation le jour du scrutin. Et tout cela se joue en toute diplomatie : le contrôleur général des Services d’immigration a rencontré hier, mercredi, des officiels camerounais et tchadiens, notamment, pour les prévenir qu’en cas d’infraction, leurs ressortissants seront traduits devant la justice.

Accord entre les deux principaux challengers

Des garanties ont été prises également au plus haut niveau avec la signature, ce jeudi matin, d’un accord entre les deux principaux challengers de cette élection, à savoir Goodluck Jonathan, le président sortant du PDP et Muhammadu Buhari, de la coalition APC. Symboliquement, tous deux ont signé un accord pour respecter les résultats du scrutin. L'accord a été signé sous l’égide de la Commission nationale pour la Paix, dirigée par l’ancien général Abdulsalam Abubacar qui a dirigé le pays de juin 1998 à mai 1999.

Ce texte, c’est en fait une réaffirmation de l’accord d’Abuja signé le 14 janvier dernier, au moment où la campagne électorale était émaillée de violence, de discours haineux et de menaces entre militants. Dans ce texte, les candidats demandent à leurs sympathisants de respecter l’issue du scrutin. De quoi rassurer l’ancien général Abdulsalam Abubacar, le garant de cet accord.

« Tout au long de nos discussions, chaque parti nous a assuré avoir tenté – et je pense qu’ils ont essayé- de contrôler tous ces discours haineux lors des meetings. Je les crois sur parole et je pense qu’ils vont faire de leur mieux. Je suis heureux de voir que les parties prenantes ont, dans cet accord, pris l’engagement d’accepter les résultats du scrutin. C’est donc un soulagement, un vrai soulagement pour enfin réduire les tensions », a déclaré le général Abdulsalam Abubacar.

D’après un observateur de la vie politique nigériane, c’est la première fois que la Commission nationale pour la Paix entre clairement en action.

« Derrière ce geste, on assiste à une prise de conscience que ces élections peuvent déboucher sur la violence », commente cette source.

De leur côté, les services de sécurité assurent pouvoir contenir précisément d'éventuels troubles. Selon certaines sources, il y aura, samedi, près de 300 000 policiers mobilisés pour encadrer le vote.
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