C'est avec une double casquette que Gilbert Kiakwama a choisi de déposer une motion devant l'Assemblée nationale lundi 23 janvier. Celle d'un père inquiet pour son fils dont il dit ne plus avoir de nouvelles depuis plusieurs jours et victime d'une perquisition arbitraire selon lui, mais aussi avec la casquette du député parlant au nom de tous les autres. Car, pour le président du groupe parlementaire des chrétiens démocrates, les autorités commettent une erreur en maintenant ces militants pro-démocratie derrière les barreaux : « Les services de renseignements se sont fourvoyés, qu'ils arrêtent : où allons nous ? C’est ça l’Etat de droit qu’on est en train de faire ? C’est inacceptable. Qu’on les libère immédiatement. Ils n’ont commis aucun délit. Parler de son pays, se réunir, la liberté d’expression, c’est un droit constitutionnel. On ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas créer une telle tension pour aller aux élections. C’est inacceptable ».
Retransmission coupée en direct
Inacceptable aussi visiblement pour la télévision et la radio publique congolaise, la RTNC, qui dès que le mot « injustice » a été prononcé par le député, a coupé la retransmission en direct de cette motion. Du côté de la majorité présidentielle, une certaine gêne était perceptible. Didas Pembe, député et président du parti écologiste congolais : « C’est la justice qui doit se prononcer. Et moi en tant que député, je ne fais que de l’observation participante active. Donc je laisse la justice et je ne tiens vraiment pas à m’immiscer là-dedans ». Reste que le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, a promis qu'une mission d'information serait mise en place dès ce mardi 24 mars pour faire la lumière sur cette affaire : vérifier ce qu'on reproche à ces militants et où ils sont détenus.
Disparition d'un membre de Lucha
Un autre militant est porté disparu depuis samedi. Il s'agit de Serge Sivya, étudiant en médecine et membre de l'organisation la Lutte pour le changement (Lucha) à Goma. Une organisation très engagée depuis une semaine pour obtenir la libération de la dizaine de militants pro-démocratie toujours détenus à Kinshasa, dont l'un de ses membres.