Activistes arrêtés en RDC: 140 organisations montent au créneau

En République démocratique du Congo (RDC), 140 organisations de la société civile ont lancé un appel pour demander la libération de la dizaine de militants détenus depuis dimanche 15 mars à l'Agence nationale des renseignements (ANR). Elles dénoncent « le deux poids deux mesures » dans cette affaire, après la libération des activistes de Y en a marre et du Balai citoyen.

L'Association d'aide à l'accès à la justice (ACAJ) fait partie des organisations signataires de l'appel. Elle dénonce le silence des autorités sur une pratique, celle d'arrestations et de maintiens en détention décidés, explique-t-elle, par la seule Agence nationale des renseignements et en violation de la Constitution qui prévoit entre autres le droit de visite des familles et de recevoir les conseils d'un avocat.

« Il n’existe aucune loi en République démocratique du Congo sur laquelle ce service peut fonder le pouvoir de pouvoir interpeller des citoyens, sans titre, et les enfermer dans des cachots sans droit de se faire visiter par les membres des familles ou d’obtenir l’assistance de leurs conseils. Ça n’existe pas »; a martellé le président de l'ACAJ.

Maître Georges Kapiambaa ajouté que son association a écrit plusieurs lettres adressées au ministre de l’Intérieur, au ministre de la Justice, au Premier ministre, et jusqu'au niveau du président de la République, « pour attirer leur attention sur ces violations graves des droits fondamentaux, qu’il fallait prendre des dispositions rapidement pour y mettre fin et sécuriser ainsi tous les citoyens sur l’étendue de la République démocratique du Congo. Et malheureusement, nous constatons que rien n’est fait et [que] les responsables de ce service continuent à agir comme s’ils n’étaient pas soumis à l’autorité de la loi. Voilà la situation dans laquelle nous nous retrouvons. »

Le PPRD réaffirme sa confiance en la justice congolaise

De son côté, le président du groupe parlementaire du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti du président Kabila, a appelé à faire confiance aux autorités, considérant que cette affaire est strictement judiciaire et n'a pas à être discutée dans les médias.

« La question que vous posez sur les personnes qui sont interpellées par nos services, c’est une question qui préoccupe tout le monde et tous les Congolais, a déclaré sur RFI Emmanuel Ramazani Shadari, le président du groupe PPRD à l'Assemblée. Ces personnes étaient accompagnées par des expatriés - il y en a quatre - que le gouvernement congolais a proclamés persona non grata. L’affaire est au niveau de la justice, l’affaire est traitée au niveau de nos services. Nous, nous savons que même au niveau de nos services, l’ANR notamment, il y a des OPJ [officiers de police judiciaire] assermentés. »

Pour lui, « l’Etat congolais sanctionne normalement. S’il y a des problèmes à leur niveau, ils seront sanctionnés. Mais nous, nous avons confiance en nos services. Nous avons confiance en notre justice. Et ici, on ne peut pas accepter de venir exposer les procédures de la justice et de nos services de sécurité dans les médias. Qui vous dit qu’ils [les activistes emprisonnés ndlr] ne sont pas visités ? Qui vous dit que leurs avocats n’arrivent pas là-bas ? »

Pourtant, ce sont bien leurs avocats et les familles qui ont affirmé cela.« A RFI, vous biaisez votre information, a réagi le président du groupe parlementaire du PPRD. Cette affaire-là, elle est judiciaire. Nous faisons donc confiance pleinement à la justice et à nos services. » Aucun responsable du gouvernement ou du parquet n'était disponible samedi 21 mars pour répondre à ces questions de procédure soulevées par l'ACAJ.

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