A Lagos, le son des générateurs c'est comme un bruit de fond. Francis est barbier. Dans sa petite boutique du marché Obalende, il y a toujours une réserve d'essence, juste au cas où. Quand il reçoit l'électricité publique, il peut allumer la télévision pour divertir ses clients, mais ça ce n'est que quelques heures par-ci, par-là. Le reste du temps, il dépense un quart de ses revenus en essence pour le strict minimum : lampe, ventilateur, et bien sur son unique tondeuse. « Je voudrais rendre d'autres services à mes clients, explique-t-il. Un appareil pour chauffer les serviettes, un stérilisateur, acheter plus de tondeuses pour les clients qui veulent des tondeuses personnelles. J’ai besoin d'investir, mais mon esprit est trop pris par les dépenses consacrées à l'essence et à l'entretien du générateur, c'est très préoccupant. »
Sule lui est tailleur. Son générateur ne lui permet même pas d'alimenter les trois machines à coudre de son échoppe, donc c'est au pied qu'il fait fonctionner la sienne. Comme tous les habitants de Lagos, il peste contre les factures d'électricité qui ne correspondent pas à la réalité, mais surtout il ne supporte plus les nuisances de l'appareil : « La fumée cause beaucoup de maladies. Combien de fois ai-je dû aller à l'hôpital, pour telle ou telle raison, des maux de tête. Et parfois, je sens même que tout mon corps est tout chaud. »
L'élection présidentielle au Nigeria doit avoir lieu ce 28 mars.
■ Election au Nigeria: Obama appelle les acteurs à renoncer à la violence
A quatre jours des élections générales au Nigéria, le président américain a tenu à s'adresser directement aux électeurs du pays dans un message vidéo de deux minutes trente, posté sur le site de la Maison Blanche et sur Youtube. Les relations entre l'administration Obama et celle du président sortant, Goodluck Jonathan, ont été en dent de scie. Washington a souvent dénoncé la corruption et les abus des droits de l'homme commis par l'armée nigériane. Obama a néanmoins promis que les Etats-Unis resteront un partenaire du Nigeria. La campagne électorale a été tendue, les sondages placent Jonathan et son concurrent de la coalition All progressives Congress (APC), le général Muhammadu Buhari, au coude-à-coude. Les affrontements lors du dernier scrutin en 2011 avaient fait près de mille morts. Le président américain a donc appelé les acteurs du scrutin à s'abstenir de tout réflexe violent.