Trente-six localités reprises aux mains de Boko Haram dans l’Etat de Borno, les Etats d’Adamawa et Yobe libres de tous islamistes, depuis le report du scrutin, l’armée n’a jamais été aussi loquace sur ses avancées face aux insurgés. Le président sortantGoodluck Jonathan d’ordinaire, si discret sur le sujet, a quant à lui été vu en tenue de combat, félicitant les troupes nigérianes.
Pas sûr pourtant que ces apparents succès se fassent véritablement ressentir dans les urnes ce samedi. Car si le problème de l’insurrection islamiste a un retentissement international important, son incidence à l’échelle nationale est bien moindre, sortie des trois Etats du nord-est affectés par les violences. D’autant que cette campagne militaire et l’engagement des pays voisins interviennent tardivement, près de deux ans après la mise en place d’un état d’urgence infructueux.
Ces victoires supposées pourraient donc n’être qu’une campagne de publicité sans retombée majeure, les Nigérians votant sur la base de multiples critères, y compris ethniques et religieux. Fin janvier, un sondage mettait Goodluck Jonathan et l’ancien généralMuhamadu Buhari au coude-à-coude autour de 42 % des suffrages, avec l’éventualité que, pour la première fois depuis 1999, le Parti démocratique populaire (PDP) perde le pouvoir.