Les échos qui parviennent de Kidal depuis ce mercredi matin parlent d'ambiance électrique, de « pression totale ». La petite ville est noire de monde. Les populations civiles, venues des alentours ou de plus loin par les pistes, sont remontées à bloc : pas question de signer le document d'Alger selon elles. Cet accord est « notre arrêt de mort », « on ne va pas céder, on ne va pas reculer », entend-on chez les manifestants, au point que les chefs politiques et militaires ont décidé de reporter à demain jeudi la grande réunion commune.
D'ici là, les responsables se retrouvent en petits comités toute la journée, en conclave avec la jeunesse, les femmes, les combattants... Une réunion avait lieu ce mercredi midi, et d'autres étaient prévus dans l'après-midi. L'objectif de la CMA (MNLA, HCUA, MAA, CPA, sédentaires) est de lire et d'expliquer le document d'Alger à tous les délégués de la jeunesse, des chefs de faction et de tribu, ainsi qu'à ceux des réfugiés.
De l'avis de témoins sur place, il sera bien difficile de faire évoluer les positions. Ce représentant du camp de Djibo, Sidi ag Baye, explique depuis Kidal qu'on « ne peut pas nous imposer ce que l'on ne voulait pas ». « On veut une paix qui tienne compte de notre spécificité, on veut une paix qui tienne compte du développement de notre territoire, on veut une paix qui, même si elle reconnait l'intégrité territoriale du Mali, reconnaisse au moins notre identité chez nous. Je vous le dis très clairement, ce n'est pas une paix », assure Sidi ag Baye.
L'embarras des chefs de la CMA semble réel. Ces derniers sont conscients de se trouver pris en tenaille entre la communauté internationale, qui attend des mouvements qu'ils signent ce document, et une population remontée à bloc contre le projet d'accord d'Alger, comme le confirme cet habitant de Kidal, Mazou Touré. Il souligne, par ailleurs, que des marches sont organisées et qu’elles ont commencé mardi. A Kidal où on n’a jamais vu des marches qui ont vraiment connu « un aussi grand nombre de manifestants », dit-il.
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