Depuis dimanche à Mentao au Burkina ou à Mberra en Mauritanie, les réfugiés maliens palabrent autour de l'accord de paix. Beaucoup expriment leurs réticences face à un texte qui n'a pas retenu le fédéralisme ou l'autonomie du Nord.
Ahmed Hamama est directeur d'école au camp de Mbera. Pour lui, les populations réfugiées sont sans illusion, puisqu'elles ont été oubliées durant ces négociations : « Les populations ne se sentent pas concernées parce qu’elles n’ont pas été consultées ni au départ, ni à l’arrivée, explique-t-il. Elles ont des appréhensions par rapport à ce qui a été déjà fait. Elles estiment qu’il faut une autonomie poussée. »
A Mentao, au nord du Burkina, les responsables du camp affirment qu'une grande majorité des réfugiés refusent le texte négocié à Alger. Surtout les jeunes, assure Nufta ag Mohamed Ansari, le responsable du camp : « Surtout les jeunes, ils disent de ne pas signer. Ils sont très remontés, mais le problème c’est qu’ils ne peuvent pas se dévoiler, précise-t-il. Nous sommes dans un camp de réfugiés qui est apolitique. Bien sûr, nous ne sommes pas sans convictions, mais nous respectons le caractère apolitique du camp. »
Mais surtout les réfugiés sont devenus fatalistes. Pour certains, la vie n'est depuis 30 ans qu'une incessante succession d'allers-retours entre leur village ou leur campement et les camps de réfugiés.