50 ans d’indépendance: l’amertume des Gambiens de la diaspora

La Gambie a célébré mercredi les 50 ans de son indépendance. Mais un mois et demi après la tentative de coup d'Etat, l'appareil répressif s'est endurci. Les familles des présumés putschistes exécutés par le gouvernement demandent les corps de leurs proches ainsi que des explications sur leur exécution.

Sigga Ngagne est consultante sur les questions de santé aux Etats-Unis, où elle vit depuis plus de vingt ans. Un jour, en janvier, cette femme reçoit un coup de fil étrange de Banjul, lui annonçant que son frère a tenté un coup d'Etat et qu'il a été exécuté sans aucun jugement.

Pour cette femme éprise d'idéaux de justice, c'est le choc. D'autant qu'aucune information ne circule : « Nous ne savons pas ce qui s'est passé, nous n'avons eu aucune explication officielle. Il n'y a pas eu d'autopsie et personne n'a vu son corps. C'est vraiment difficile de comprendre cette situation. Le gouvernement gambien devrait savoir que la seule chose à faire aujourd'hui, qu'on soit chrétien ou musulman, c'est de restituer le corps, afin qu'il puisse reposer en paix. »

Le flou entretenu autour de ces exécutions décourage davantage ces nombreux Gambiens expatriés, qui observent la situation se dégrader à Banjul : les libertés d'expression ne sont pas garanties, les arrestations arbitraires compromettent toute entreprise sur place.

Dans un tel contexte, célébrer les 50 ans d'indépendance du pays relève d'une chimère pour Sigga Ngagne : « Je me demande ce qu'on célèbre exactement. Qu'a-t-on réussi ? Qu'est ce que cela signifie dans l'esprit des Gambiens ? Vit-on mieux aujourd'hui qu'avant l'indépendance ? Est-ce qu'on fait mieux sur le plan économique et sur le plan du respect des droits humains ? Sans que personne ne nous interpelle sur ce qu'il faudrait faire. »

Autre question en suspens : celle du sort des six militaires qui doivent être jugés par une cour martiale. Selon plusieurs ONG, ni les avocats ni la presse n'ont accès à leur procès.

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