Avec notre envoyé spécial à Monrovia,
Scène impensable il y a encore quelques mois dans les rues de Monrovia, à 21 h, des dizaines de personnes sont attablées à la terrasse du Old Folk, un bar populaire du quartier Sinkor. Le couvre-feu draconien avait quasiment fait disparaître la vie nocturne, même si certains établissements parvenaient à faire entrer des clients par des portes dérobées.
Aujourd'hui, les Monroviens comme Robert Jacob, goûtent à nouveau aux soirées : « On ne pouvait pas sortir s'amuser. Tout le monde avait peur et c'était impossible d'avoir l’oeil sur tout le monde. Sortir comme ce soir, c'était très rare. Ca nous manquait, mais cette mesure, c'était aussi pour sauver nos vies. C'est peut-être grâce à ça que je suis en face de vous maintenant. Bien sûr, je pense toujours à Ebola quand il y a du monde. Avec ma fiancée, on se lave les mains avant de s'asseoir, on nettoie le goulot de nos bouteilles, et on boit ».
Hector Mulbah est assis quelques tables plus loin. Il profite de sa Club Beer, une bière locale libérienne. Mais lui aussi reste sur ses gardes : « C'est un signe que la situation redevient normale et que notre pays se stabilise. Ca ne me manquait pas trop parce que j'ai une famille. Me protéger, moi et mes proches, c'était ça ma priorité. M'amuser était secondaire. Dans les lieux très fréquentés, la peur est toujours là. Donc quand tu sors, même si tu veux te relaxer, te vider la tête, oublier le stress, tu ne dois pas oublier que le virus est toujours au Liberia ».
Pour Hector et Robert, seule l'annonce officielle de la fin de l'épidémie dans le pays leur permettra de profiter de la vie nocturne comme avant.