De notre envoyé spécial à Monrovia,
Pour aider le JDJ à rouvrir et redonner confiance aux soignants, l’hôpital a été rénové et adapté aux standards, des services à la buanderie en passant par la cuisine. Le personnel, lui, a été formé à considérer chaque patient comme suspect et à se protéger, mais la peur est encore présente.
« Ce que l’on apprend aux personnels de santé, c’est de réfléchir avant d’agir, explique Cathy Beuve, infirmière chez MSF. Notre priorité est d’être sûrs qu’ils sont protégés avant de donner un soin à un patient et on doit lutter contre les réflexes, contre des automatismes. C’est pour ça que l’on doit être sur leur dos en continu. Je pense réellement qu’il y a une peur. On a eu une patiente qui est allée en centre de traitement d’Ebola, elle avait de la fièvre parce qu’elle avait une drépanocytose et l’équipe avait peur. »
Les patients de retour
Karen Williams est sage-femme, aujourd’hui elle se sent en sécurité : « Un jour, un malade est venu avec des symptômes, tout le personnel a fui et l’hôpital a fermé. Mais maintenant, je suis à l’aise pour toucher les patients, avec les protections il n’y a pas de contact. Bien sûr, on pense toujours à Ebola, on ne sait pas qui est qui donc on doit faire attention. »
La restauration de la confiance des soignants a rassuré les patients qui sont de plus en plus nombreux. « Des amis ont toujours peur d’attraper la maladie ici, témoigne Nessy, 20 ans, venue pour une consultation en maternité. Moi je suis venue parce que je sais qu’avec Dieu tout est possible. Mais les soignants se protègent bien, leurs uniformes ont maintenant toujours de longues manches et des gants pour se couvrir. » Signe d’espoir, la voisine de Nessy vient d’accoucher d’une fille mais, même âgée de seulement trois minutes, le personnel la manipule en combinaison.