Burundi: le directeur de la RPA, Bob Rugurika, reste en prison

Au Burundi, le tribunal de grande instance de Bujumbura a confirmé mercredi matin le maintien en détention du directeur de la RPA, la Radio publique africaine. Bob Rugurika est incarcéré depuis le 20 janvier pour « complicité d’assassinat » de trois religieuses italiennes en septembre 2014. Les reportages diffusés par sa radio ont pris le contre-pied de l’enquête officielle en mettant en cause de hauts responsables des services secrets. Les juges le maintiennent donc en détention, mais les raisons données par la cour n’ont pas convaincu sa défense.

Tous, société civile, médias, défense du directeur de la RPA, tous se disent aujourd’hui « déçus, mais pas surpris ». « Cette décision vient démontrer une nouvelle fois que le juge burundais n’est pas indépendant », regrette Me Lambert Nigarura, qui s’étonne des raisons invoquées par le tribunal pour justifier le maintien de Bob Rugurika en prison. « Ils disent que le maintien en détention de Bob Rugurika peut servir à conserver les preuves et que c’est pour éviter que les inculpés se consultent frauduleusement. C’est que finalement le tribunal a reconnu comme vraies les révélations qui ont été données par le criminel ».

L’avocat burundais fait référence aux aveux diffusés sur la RPA d’un homme qui se présente comme l’un des assassins des trois religieuses, et qui met en cause de hauts responsables des services secrets burundais dans ce triple homicide.

De quelles preuves parlent les juges burundais ? Quels inculpés ? Personne ne sait exactement pour le moment, mais les organisations des professionnels des médias soulignent par exemple le fait que l’un des hommes les plus puissants de ce pays, le général Adolphe Nshimirimana, cité dans cette affaire, n’a jamais été inquiété.

« Son emprisonnement est dû à l’influence de ces personnalités-là. Des gens essaient de se couvrir ou de couvrir leurs amis en maintenant Bob Rugurika en prison. Ça ne nous surprend pas », souligne Innocent Muhozi, le président de l’Observatoire de la presse au Burundi.

La mobilisation en faveur de la libération du directeur de la RPA ne faiblit pas. Human Rights Watch (HRW) dénonce cette décision de justice et demande la remise en liberté immédiate du journaliste.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par cette décision de la chambre du Conseil ce matin de maintenir le journaliste Bob Rugurika en prison en attente d’un procès, a ditCarina Tertsakian, responsable Burundi chez HRW. A notre avis, les autorités burundaises n’ont justifié d’aucune manière sa détention continue. Il semble que son arrestation, sa détention et sa poursuite en justice sont des tentatives flagrantes de la part des autorités de museler les médias et de museler les détracteurs du gouvernement à l’approche des élections qui vont commencer au mois de mai. »

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