En Afrique, 200 à 300 personnes ont manifesté à Bujumbura, capitale burundaise. Il y a trois jours déjà, les principales stations de radio de Burundi, publiques et privées, avaient observé trois minutes de silence en hommage aux journalistes de Charlie Hebdo, assassinés à Paris.
Les organisations de professionnels des médias du Burundi ont appelé à une manifestation silencieuse dimanche devant l’ambassade de France, en plein centre-ville de Bujumbura. Quelque 300 personnes ont répondu à l’appel : beaucoup de Burundais, des dizaines d’Européens, des jeunes et des vieux, avec des pancartes « Je suis Charlie ». L’ambassadeur de France, sorti devant de cette foule silencieuse et grave, a été le premier à prendre la parole. « Bien sûr, c’est la France qui a été attaquée, mais votre mobilisation montre que ce n’est pas la France seule. C’est la liberté d’expression, c’est la liberté d’opinion, la liberté tout court », a déclaré Gerrit van Rossum.
Alexandre Niyungeko, le président de l’UBJ, le syndicat qui regroupe les journalistes burundais, lui a répondu au nom des organisateurs de cette manifestation pour « un refus de la violence, pour la liberté d’opinion », a-t-il lancé, avant de remettre à l’ambassadeur de France une carte noire toute simple. « Nous disons que nous sommes tous des Charlie et que le monde des professionnels des médias burundais partage le deuil des confrères et du peuple français », a confié Alexandre Niyungeko.
Puis la foule très émue a observé une minute de silence avant que l’ambassadeur de France au Burundi n’ouvre ses portes exceptionnellement pour que quelques personnalités présentes, les anciens présidents Pierre Buyoya et Sylvestre Ntibantungaya notamment, signent dans le registre des condoléances. La foule s’est enfin dispersée dans le silence après une heure de communion. « C’est comme si j’étais à Paris, à manifester avec tous les autres », confie un Français présent.
En Côte d'Ivoire
Environ 500 personnes, Français, Franco-Ivoiriens et Ivoiriens, se sont rassemblés devant le consulat de France à Abidjan dimanche, à l'initiative des élus consulaires. Parmi les personnes présentes, des personnalités de l'opposition pro-Gbagbo, la ministre de la Communication qui représentait le gouvernement, des ambassadeurs de l'Union européenne (délégation de la Commission eduropéenne, Grande-Bretagne et Allemagne), etc. « Je suis très émue de ce qui s'est passé, confie à RFI une Ivoirienne présente, et c'est ensemble qu'il faut dire non au terrorisme. »
Alassane Ouattara, le président ivoirien, avait envoyé un télégramme de condoléances vendredi dernier et il était ce lundi matin à la résidence de l’ambassadeur de France pour signer le registre de condoléances. L’occasion pour le chef de l'Etat de s’exprimer sur la lutte contre le terrorisme : « Je pense qu’il faut être organisé, que les services de renseignements soient renforcés partout dans le monde. Il faut un échange d’informations à ce sujet et aussi être intraitable, parce que ce sont des cas de violations des droits humains. Eliminer des personnes tout simplement pour leur opinion est inacceptable. Donc, il faut une plus grande concertation de chefs d’Etat, mais également de tous les peuples parce que nous sommes tous concernés par ces actes de terrorisme. Tout près de nous, nous avons le cas du Nigeria avec Boko Haram qui fait des dizaines, des centaines de morts quasiment toutes les semaines. Nous, nous sommes engagés dans la lutte contre le terrorisme et nous continuerons ».
Au Sénégal
Au Sénégal, pas de bougie ni de marche citoyenne, mais à l’ambassade de France un rassemblement a été organisé dimanche. Autour d’un cahier de condoléances, les quelques personnes présentes, essentiellement des Français, sont venues exprimer leur soutien et leur désolation après l’attaque qu’a subi le journal Charlie Hebdo. « Ce n'est pas parce que j'ai caricaturé quelqu'un que je lui ai manqué de respect, s'indigne ce Dakarois, il n'a fait qu'apporter un point de vue ! »
Au Gabon
Au Gabon, le pouvoir et l’opposition radicale ont tenu à manifester, chacun de leur côté, leur solidarité avec la France dimanche après-midi alors que le président Bongo était à Paris aux côtés de François Hollande. C’est d’abord le ministère des Affaires étrangères, à travers son porte-parole, qui a publié un message de condoléances. « Le Gabon condamne le terrorisme sous toutes ses formes, il saisit cette occasion pour exprimer sa solidarité à tous les pays victimes du terrorisme à travers le monde », a déclaré Astrid Ngningone.
Les dirigeants de l’opposition ont ensuite formé une chaîne humaine et entamé une marche silencieuse encadrée par la police. « Nous sommes Charlie », pouvait-on lire sur un petit carton brandi à côté des pancartes et banderoles hostiles au président Ali Bongo. Seuls les leaders sont entrés dans la mission diplomatique où les attendait le tout nouvel ambassadeur de France au Gabon, Dominique Renaux. A la sortie de l’entretien Zacharie Myboto, président du front de l’opposition, s’est adressé à la presse. « Nous sommes donc venus pour condamner ce qu’il s’est passé en France parce que c’est absolument inadmissible. Nous ne souhaitons pas justement que cela se produise un jour au Gabon. » De nombreux marcheurs affirment être venus revendiquer la liberté de la presse et la liberté de manifester au Gabon.
→ À relire : Les revues de presse africaine et française du 12 janvier